Après quatre ans d'une baisse continue de ses effectifs salariés en France, le secteur du bâtiment vivra-t-il en 2014 la dernière année d'une série noire déclenchée en 2009 avec le contrecoup de la crise des « subprimes » aux Etats-Unis et de la faillite de Lehman Brothers ? La Fédération française du bâtiment (FFB), qui faisait hier à Paris un point de conjoncture, anticipe en tout cas un net ralentissement de la destruction d'emplois. Elle prévoit un recul de 7.000 postes en moyenne annuelle en 2014, contre plus de 25.000 en 2013.Didier Ridoret, le président de la FFB, veut croire que le secteur a touché le fond. L'activité devrait encore baisser de 0,4 % cette année. Reste à savoir si les dispositions législatives votées par le Parlement et les diverses mesures prises par le gouvernement l'aideront à donner le coup de pied vigoureux qui lui permettrait de remonter à la surface... Sur ce point, le représentant des quelque 57.000 adhérents de la FFB, dont 42.000 artisans, est dubitatif. S'il se félicite de certaines dispositions de la loi sur l'accès au logement et la rénovation urbaine (Alur), comme le plan local d'urbanisme intercommunal (PLUI), il en déplore d'autres, à l'image de l'encadrement des loyers.

Signaux contradictoires

Plus globalement, le président de la FFB regrette ces signaux contradictoires qui brouillent une bonne visibilité de la politique de logement du gouvernement. Il a ainsi mis en garde, hier sur France Info, sur les effets néfastes qu'aurait pour les entreprises du secteur la mise en oeuvre dès janvier 2015 du « compte personnel pénibilité ». Ce dispositif demandé par la CFDT en contrepartie de son approbation de la nouvelle réforme des retraites s'avère « d'une extrême complexité » et « constitue un incroyable casse-tête » dans un secteur à forte intensité de main-d'oeuvre, dénonce la FFB. Au point que Didier Ridoret n'hésite pas à parler de centaines de milliers d'emplois qui pourraient s'évaporer si les entreprises décidaient, pour se simplifier la vie, de recourir à des travailleurs détachés, ces salariés venant d'autres pays de l'Union européenne. Le patron de la FFB rappelle à cet égard que la France comptait officiellement en 2013 quelque 120.000 travailleurs détachés, dont un tiers dans le bâtiment, quand il n'y en avait qu'un millier en 2000. « Si rien n'est fait, cette courbe va continuer d'augmenter », prévient Didier Ridoret, qui constate que, malgré déjà deux rencontres avec Michel de Virville, chargé d'une mission de concertation sur la mise en oeuvre de ce compte pénibilité, le gouvernement n'a pas entendu ses arguments.Côté signaux positifs, le président de la FFB se félicite du « travail remarquable » du groupe de travail normes et réglementation réuni dans le cadre de la concertation lancée par le gouvernement pour atteindre son Objectifs 500.000 de production de logements d'ici à 2017. « Nous attendons beaucoup de la restitution du résultat de ces travaux au plus haut niveau de l'Etat », explique Didier Ridoret. Le secteur attend que cela débouche sur une révision et une baisse des contraintes normatives et réglementaires. « Il faut arrêter cette hausse permanente des coûts de construction », demande le patron de la FFB.