Scalinx fait partie du programme gouvernemental French Tech 2030. Elle y côtoie deux autres start-up dans les puces : Kalray, qui développe des processeurs et des cartes d'accélération destinées à traiter des flux massifs de données - cette dernière a fait le choix de s'introduire en Bourse dès 2018 - et SiPearl, un concepteur de microprocesseur basse consommation dédié au calcul haute performance, qui a levé 90 millions d'euros en 2023. « Il s'agit une technologie unique en Europe », vante son dirigeant, Philippe Notton.
Sous-traiter la production
Atos fait partie des investisseurs de SiPearl. Thales a, lui, parié sur Scalinx, avec qui il travaille depuis cinq ans. « C'est une belle reconnaissance de la robustesse de notre technologie », observe Hussein Fakhoury. Le groupe dirigé par Patrice Caine est aussi monté l'an dernier au capital de GreenWaves Technologies, start-up qui développe une puce sobre pour les applications embarquées d'intelligence artificielle dans les objets connectés, lors de son tour de table de 20 millions d'euros.Le secteur des semi-conducteurs se caractérise par un effort important en R&D et des cycles de vente long auprès des grands comptes. Ce qui coûte très cher à financer. C'est pourquoi toutes ces start-up se concentrent sur le design des puces et confient la production industrielle à des partenaires, comme le géant taïwanais TSMC. « Les usines européennes ne sont pas la solution à tout », glisse Philippe Notton, en rappelant malicieusement que Nvidia, qui a vu sa capitalisation boursière et ses revenus exploser depuis un an grâce au boom de l'IA, mise sur ce modèle économique.
Ces dernières années, l'Etat français et l'UE, via le Chips Act, ont pris conscience qu'il fallait accompagner financièrement la filière. Ce qui limite les risques pour les investisseurs privés, même si l'avance significative des Américains et des Asiatiques peut encore effrayer. « Il y a quelques années, on ne serait peut-être pas allé sur ce type de marché », avoue Bertrand Distinguin, le président de Go Capital, qui a investi dans Scalinx car il a été séduit par la qualité de l'équipe et sa technologie différenciante. « Cela reste un chemin de crête, mais nous y croyons et sommes volontaristes. »
Pour faire émerger des leaders mondiaux, il faudra toutefois que des investisseurs européens aient une plus grosse force de frappe à l'avenir. Cela ne devrait plus tarder. En 2023, trois ex-dirigeants de Soitec, NXP et Infineon se sont alliés à Ardian afin de lancer un fonds dédié à la filière des semi-conducteurs (Ardian Semiconductor). Celui-ci pourrait injecter plus de un milliard d'euros en Europe et donc donner des armes supplémentaires aux start-up de la French Tech.