Après deux premières dates à Cardiff, le groupe emblématique de la Britpop se produit cinq soirs à guichets fermés dans un immense parc de la ville.
"Il y a clairement un regain d'effervescence dans la cité", observe Susan O'Shea, experte en musique et maître de conférences à la Manchester Metropolitan University.
Dans les années 1990, Manchester était au sommet de sa gloire culturelle.
Oasis régnait sur les ondes, succédant à des légendes mancuniennes comme Joy Division et The Smiths. "Ces groupes (leur) ont ouvert la voie", rappelle Ed Glinert, créateur des visites guidées "Manchester Walks", dédiées à l'histoire musicale de la ville.
Devant le Free Trade Hall, il raconte l’influence décisive qu’un concert des Sex Pistols en 1976, dans cette salle aujourd’hui transformée en hôtel et centre de conférences, a exercée sur ces groupes.
"Des milliers de personnes ont affirmé avoir assisté à ce concert... mais il n'y en avait en réalité que 42 dans le public", s'amuse le guide.
- Mythique Hacienda -
Parmi les personnes présentes, le chanteur des Smiths, Morrissey, Mark E. Smith (The Fall) ou encore des membres de Joy Division, groupe ensuite devenu New Order, qui ont tous contribué à faire rayonner Manchester.
Si la ville est actuellement accablée par une vague de chaleur estivale, le fameux mauvais temps a été un "facteur très important" dans cet héritage musical, affirme Ed Glinert.
"La majeure partie de l'année, il fait sombre, gris, froid, humide, il y a du vent. Cela se ressent dans la musique", dit-il.
À la fin des années 1980, le club mythique The Hacienda a propulsé la ville dans une nouvelle ère, avec l'arrivée de la house et de la scène rave.
Le phénomène "Madchester" est né, porté par des groupes comme les Happy Mondays et The Stone Roses, que Liam et Noel Gallagher ont souvent cités comme inspiration.
"Les Stone Roses ont vraiment été les premiers de la scène de Manchester à avoir influencé Oasis", estime Pete Howard, 77 ans, propriétaire du magasin "Sifters" où les deux frères avaient l'habitude d'acheter leurs disques.
Immortalisé dans la chanson Shakermaker sous le nom de "Mister Sifter", Howard accueille encore aujourd'hui des fans venus du monde entier.
- Groupes émergents -
"Pour nous, c'est un pèlerinage. C'est comme rencontrer une légende vivante", confie Veronica Paolacci, une Milanaise de 32 ans, à propos du septuagénaire.
La scène locale reste dynamique. Susan O'Shea cite les groupes émergents PINS et The Red Stains, les rappeurs Aitch et Bugzy Malone, ainsi que des lieux comme The Peer Hat ou Gullivers.
La renommée internationale de Manchester semble pourtant s'être émoussée. "Elle était bien plus grande quand la Britpop était plus populaire", estime un fan de cette musique, Dan Verberkel, ingénieur néerlandais de 38 ans venu spécialement pour le concert.
Outre Manchester, d'autres villes ont contribué à façonner l'identité musicale britannique du XXe siècle: Birmingham pour le heavy metal, Bristol pour le trip-hop et bien sûr Liverpool, la ville des Beatles.
Mais depuis les années 2000, les choses ont changé. Selon Ed Glinert, l'avènement du numérique a brisé les dynamiques régionales.
"Aujourd'hui, vous pouvez produire de la musique dans votre chambre depuis votre ordinateur , sans qu'elle n'ait aucun lien particulier avec l'endroit où vous vivez", estime-t-il.