Une nouvelle ère va s'ouvrir pour la Banque publique d'investissement. Ségolène Royal, la très médiatique présidente de la région Poitou-Charentes et désormais ministre de l'Ecologie, du Développement durable et de l'Energie, va en effet devoir abandonner la vice-présidence de bpifrance pour se consacrer à ses fonctions gouvernementales et éviter tout conflit d'intérêt. Pour la banque publique d'investissement, ce devrait être l'occasion de clarifier son rôle. En affichant clairement leurs divergences de vues durant les premiers mois qui ont suivi la création de bpifrance en 2013, Nicolas Dufourcq, son directeur général, et Ségolène Royal avaient laissé planer le doute sur le rôle de ce nouvel organe public. Nicolas Dufourcq affirmait alors haut et fort qu'il n'avait pas l'intention de diriger la banque des entreprises en difficulté, vantant la stratégie de cofinancement de bpifrance avec les établissements bancaires de la place. De son côté, Ségolène Royal faisait valoir que la banque publique était bien là pour « prendre des risques », pour faire des paris que « parfois elle perdra ».

Situation normalisée

Dans les faits, la présidente de Poitou-Charentes a assez vite pris du recul par rapport à sa fonction de vice-présidente. « Elle n'est pas venue en conseil d'administration depuis juillet et elle n'a pas non plus participé au séminaire stratégique de bpifrance », confesse une source proche. Une discrétion qui « a permis de normaliser la situation. Désormais bpifrance fonctionne comme une entreprise privée », assure encore une source proche. La situation s'est d'autant plus pacifiée que en réalité, seuls les investissements dépassant 200 millions d'euros sont soumis aux membres du conseil d'administration de bpifrance, holding de tête qui chapeaute les deux filiales, l'une dédiée à l'investissement en fonds propres, l'autre au financement. « Les conseils d'administration de ces deux filiales n'accueillent pas de politiques, rappelle un proche du groupe. Par bien des aspects ce sont des conseils beaucoup moins sénatoriaux que ceux de grandes entreprises du CAC 40. »

« Proche des entrepreneurs »

La succession de Ségolène Royal ne fait pas beaucoup de doute. Les statuts de la banque publique prévoient que deux élus régionaux, un homme et une femme, siègent au conseil d'administration pour représenter les 22 régions. C'est donc Marie-Guite Dufay, présidente de la région Franche-Comté, qui devrait récupérer la vice-présidence de la banque publique. A moins qu'une autre femme ne succède à Ségolène Royal à la tête de la région Poitou-Charentes, cette élue socialiste de 64 ans est en effet la seule autre représentante du « sexe faible » parmi les élus régionaux. Elle viendrait ainsi rejoindre Jean-Paul Huchon, président de la région Ile-de-France au conseil d'administration de bpifrance. Pour ce faire, elle doit encore être désignée par l'Association des régions de France (ARF), puis adoubée par le prochain conseil d'administration de la banque publique, fixé au 30 avril. Cette élue socialiste, déjà membre du conseil national d'orientation de bpifrance, organe de consultation des régions, est décrite par certains comme « proche des entrepreneurs ». Autrement dit, son intégration au sein du conseil d'administration de bpifrance devrait être plus sereine que celle de Ségolène Royal lors de sa nomination.