"Le ministre des Finances, quand il se lève le matin, il a quand même pas mal de problèmes à régler. Heureusement, il y en a un qui ne lui pose pas de problème, c'est le financement de la dette", a déclaré M. Lescure sur France Inter. 

"Aujourd'hui, les gens continuent à prêter à la France, et c'est tant mieux. Donc a priori pas besoin d'un emprunt, qui plus est forcé", a-t-il ajouté. 

"Surtout s'il est forcé, je pense que cela ne donnerait pas forcément un message très positif", a-t-il souligné. 

Plusieurs amendements socialistes au projet de loi de finances pour 2026, mis en avant par Les Echos, proposent d'instaurer un emprunt obligatoire à taux zéro, pour environ 20.000 des contribuables les plus aisés. 

Plus mesurée, la porte-parole du gouvernement Maud Bregeon a affirmé que le gouvernement n'avait "pas tranché de position" sur une proposition qu'il regardait "avec bienveillance". 

"Il faut qu'on regarde avec les socialistes les modalités de mise en œuvre", a-t-elle ajouté lors du compte-rendu du Conseil des ministres, tout en rappelant la position du "socle commun": pas de taxe qui "viendrait détruire l'emploi, grever l'innovation, freiner tout ce qui fait la croissance française et la réussite des entreprises françaises".

"Ce n'est pas une taxe, ce n'est pas un impôt. C'est du patriotisme fiscal, certes obligatoire, mais qui ne va impacter qu'à la marge les plus grandes fortunes", a plaidé auprès de l'AFP le président du groupe socialiste au Sénat Patrick Kanner, ravi de voir que cette proposition "interpelle" le gouvernement. 

"C'est une contribution exceptionnelle, de l'argent frais qui rentre et qu'on n'ira pas emprunter sur les marchés à des taux élevés", a ajouté le sénateur PS du Nord, qui a peu d'espoirs de voir sa proposition adoptée au Sénat mais table sur son retour par la suite dans la discussion parlementaire.

La proposition pourrait rapporter entre 6 et 15 milliards d'euros selon les critères retenus, selon lui. Elle "concernerait 0,05% des foyers fiscaux", a-t-il calculé.

Un amendement identique a été déposé au Sénat par le groupe écologiste. Les débats commencent jeudi sur le projet de loi de finances, rejeté par l'Assemblée nationale en première lecture.

"Que les socialistes soient nostalgiques des années Mitterrand, je le comprends. La dernière fois qu'on a fait ça, c'était le gouvernement Mauroy en 1983. Qu'on puisse examiner toutes les formes (...) créatives, innovantes, de financement de la dette de l'État, pourquoi pas. Mais attention, aujourd'hui, je n'ai pas de problème de financement. Je ne compte pas en avoir l'année prochaine non plus", a réagi M. Lescure.