"Pour moi c'est le procès de toute une famille, qui a été totalement anéantie. Et il est très compliqué d'expliquer à ses enfants qu'ils ne reverront plus leur grand-père. Déjà ça c'est une forme de souffrance. Mais je le répète, il faut comprendre que le procès Mazan est le procès de toute une famille anéantie", a affirmé, le ton ferme, l'aîné de la fratrie, 50 ans, devant la cour criminelle de Vaucluse.

"Ma famille a envie et continuera de se battre et espère surtout qu'à l'avenir, nous puissions effacer, faire disparaître dans nos têtes l'homme qui est à ma gauche", a-t-il expliqué, parlant de son père, Dominique Pelicot, assis dans le box des accusés. Tout le long de son témoignage, il l'a décrit comme "ce monsieur".

"Ce que j'attends de ce procès, c'est que les décisions que vous serez amenés à prendre seront à la hauteur de nos souffrances. Que les hommes, ces hommes qui sont derrière mon dos (NDLR: les coaccusés), cet homme qui est dans ce box, soient punis pour les horreurs et les atrocités qu'ils ont commises sur ma mère", a expliqué David Pelicot.

Puis il s'est adressé directement à son père, en le regardant: "Si tu as encore un peu d’humanité, tu entends ? (je voudrais que) tu dises la vérité sur les agissements que tu as eus sur ma sœur, qui souffre tous les jours et qui souffrira toute sa vie, car je pense que tu ne diras jamais la vérité!"

"Et sur mon fils aussi", a-t-il ajouté, faisant référence aux échanges entre Dominique Pelicot et un de ses petits-enfants, à qui il aurait demandé de "jouer au docteur".

"Rien sur aucun !", lui a répondu son père.

"Détends toi, c’est moi qui parle, tu parleras plus tard!", lui a rétorqué David, avant d'ajouter, s'adressant à la cour: "ça fait deux mois qu'il se donne une prestance... c'est insupportable !"

Auparavant, il avait décrit "le tsunami" traversé par la famille quand, à l'automne 2020, elle avait appris la nouvelle de cette décennie de viols sur leur mère Gisèle Pelicot, sédatée, par son mari et les dizaines d'inconnus qu'il recrutait sur internet. Et comment en l'espace de deux jours les enfants avaient déménagé toutes les affaires "de cette maison de l'horreur" où se sont produits les faits, à Mazan (Vaucluse).

"On est tous tombés du 38e étage. Encore aujourd'hui on se pose des questions", a ensuite confirmé Florian Pelicot, le cadet de la fratrie: "J'ai beaucoup de gratitude pour avoir encore ma maman en vie. Mais encore beaucoup d'incompréhension sur pourquoi il a fait ça".

"Tu as dit que c'était une sainte, mais toi tu étais le diable en personne", a asséné Florian à son père.