La désaffection des investisseurs pour les bureaux a fait fondre leur prix moyen en région parisienne. Ce dernier s'est établi à 5.800 euros du mètre carré au deuxième trimestre 2024. Un chiffre en chute de 23 % sur un an. Et inférieur de plus de 30 % au pic du premier trimestre 2021, à 8.340 euros, selon les données du groupement Immostat publiés ce vendredi.Ce prix est à mettre en regard d'un volume de transactions très faible. Au premier semestre 2024, 987 millions d'euros ont été investis dans les bureaux en Ile-de-France. Un chiffre en baisse de plus de 64 % par rapport à la même période de 2023.La hausse des taux d'intérêt d'emprunt a donné un grand coup de frein au marché. « Les principaux acquéreurs de bureaux - SCPI et assureurs -, sont aujourd'hui en panne », constate Olivier Ambrosiali, directeur général adjoint de BNP Paribas Real Estate chargé du pôle vente et investissement bureaux.« Les premiers résultats des élections législatives sont venus brouiller les projections des investisseurs et reporter encore les perspectives de reprise », estime encore Nicolas Verdillon, directeur général chargé de l'investissement chez CBRE.Olivier Ambrosiali se veut plus optimiste. « Je n'ai aucun dossier en cours pour lequel le frein à main a été mis » depuis la dissolution de l'Assemblée nationale par le président de la République, indique-t-il. Reste que certains actifs souffrent davantage que d'autres du manque d'acquéreurs.« Aujourd'hui, ce qui marche surtout en investissement, ce sont les bureaux situés dans le quartier central des affaires à Paris », indique Olivier Ambrosiali. Il faut dire que « c'est là que la demande locative est forte ». Les entreprises en quête d'emplacements centraux et bien desservis par les transports en commun sont nombreuses à vouloir y installer leurs équipes.

Des délais plus longs

En banlieue, les investisseurs se positionnent, selon lui, « sur des opportunités » : des immeubles que, pour une raison ou une autre, le vendeur accepte de céder à un prix particulièrement attractif. Quelques acquisitions sont recensées pour des transformations de bureaux en logements. Mais « il reste des freins économiques et politiques ».

Avec la dissolution, la proposition de loi du député Romain Daubié (Modem et indépendants), visant à faciliter ces reconversions, et qui avait recueilli un large consensus politique, est tombée aux oubliettes.

Du côté de la demande placée de bureaux (prises à bail et ventes à l'occupant), Immostat constate une réduction de 5 % au premier semestre 2024 par rapport à la même période de 2023, à 853.300 mètres carrés sur six mois. « Il s'agit d'une baisse modérée », estime Eric Siesse, directeur général adjoint de BNP Paribas Real Estate chargé du pôle bureaux location.Elle correspond pour lui à « une nouvelle normalité » depuis le développement du télétravail et d'un système de postes de travail partagés (« flex office ») dans bon nombre d'entreprises.« Nous devrions désormais être sur une demande placée annuelle moyenne de 1,9 million de m2 en Ile-de-France, au lieu d'un peu plus de 2,3 millions avant Covid », ajoute-t-il.Cependant, la baisse de la demande placée s'est accélérée au deuxième trimestre de cette année, pour atteindre 9 %, à 408.700 m2. Cela est dû, selon CBRE, à un manque de grandes transactions, supérieures à 5.000 m2. « Ce sont surtout les très gros deals qui ont manqué », précise Eric Siesse. Cependant, relativise Alexandre Fontaine, directeur exécutif chez CBRE, « la demande des grands utilisateurs est là mais les délais de négociation se sont sensiblement allongés et les projets mettent du temps à se concrétiser ».Eric Siesse constate de son côté une baisse de la demande pour les petites surfaces (inférieures à 1.000 m2). « Cela témoigne du manque de visibilité des chefs d'entreprises lié à l'inflation et à la hausse des taux, et plus récemment aux élections. Il y a notamment tout l'environnement de la net économie qui a posé le stylo », indique-t-il. Il note aussi que les nombreux ponts du mois de mai n'ont pas facilité les signatures.Paris concentre la moitié de la demande des entreprises. « Le flux d'entrants et de sortants y est extrêmement limité », poursuit-il. Le niveau élevé des loyers - jusqu'à 1.100 euros par mètre carré et par an dans les emplacements les plus prisés - dissuade les sociétés installées en banlieue d'y venir. Quant à celles qui ont élu domicile dans la capitale, elles veulent rarement en partir.