La France est le cinquième pays, sur les trente-quatre que compte l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), à imposer le plus les salaires. Dans une étude, publiée en fin de semaine dernière, l'institution a calculé que, pour un salarié moyen, vivant seul, les cotisations sociales (salariales et patronales) et l'impôt sur le revenu représentaient 48,9 % du salaire total (avec les charges), dans l'Hexagone, en 2013, contre une moyenne de 35,9 % pour ses Etats membres. Mais si les prélèvements dans l'Hexagone sont plus élevés qu'en Italie, au Royaume-Uni, en Espagne et même en Suède, ils sont, désormais, moindres qu'en Allemagne. En effet, outre-Rhin, la fiscalité sur le travail représente 49,3 % du salaire moyen.Il faut dire que, « pour la première fois, le pourcentage de prélèvements sur les revenus du travail a reculé, en 2013, en France, grâce à la mise en place du Crédit d'impôt emploi compétitivité (Cice) » que l'OCDE a comptabilisé comme un allégement de charges sociales, explique Pierre Leblanc, l'un des auteurs de l'étude. La fiscalité sur le travail a ainsi baissé de 1,9 point, l'an passé en France. Un mouvement qui est appelé à durer puisque le pacte de responsabilité, que compte mettre en oeuvre le gouvernement, prévoit des allégements de charges, tant au niveau des salariés que des entreprises.

- 1,2 point de prélèvements en France grâce au Cice

La différence, entre les modèles français et allemand de financement de l'Etat providence reste toutefois importante. La France fait beaucoup plus reposer les charges sociales sur les employeurs que sur les salariés, contrairement à ce qui se fait de l'autre côté du Rhin. Alors que, dans l'Hexagone, les charges salariales représentent moins de 10 % des revenus du travail pour un salarié seul, en Allemagne, ce taux est de 17 %. A l'inverse, les charges patronales représentent 28,7 % du salaire moyen en France - la part la plus importante de tous les pays de l'OCDE - contre 16,2 % outre-Rhin. Quant à l'impôt sur le revenu, il pèse, lui, plus fortement sur le salarié en Allemagne qu'en France. Le financement de la dépense publique dans l'Hexagone est plus proche de celui de l'Italie que celui de l'Allemagne.Les conclusions de l'OCDE divergent, toutefois, quand il s'agit d'étudier le cas d'un salarié qui vit en couple avec deux enfants à sa charge. Là, la France pointe en deuxième position des pays de l'organisation qui taxent le plus le travail, juste derrière la Grèce. La fiscalité s'élève à 41,6 % du salaire contre 33,8 % seulement en Allemagne. Toutefois, une fois de plus, le Cice a permis de réduire le taux de prélèvements en France de 1,2 point.Par contre, dans l'OCDE, la moyenne des prélèvements sur les revenus issus du travail, qui avait baissé de 1 point entre 2007 et 2010, s'est remise à augmenter ces trois dernières années. Pierre Leblanc y voit deux explications. « D'abord, certains pays ont dû augmenter les impôts et charges pour réduire leur déficit public. Ensuite, d'autres Etats ont, eux, bénéficié de la reprise. Et en période de croissance, quand les salaires réels augmentent, la progressivité des impôts fait mécaniquement grimper le taux moyen de prélèvement », décrypte cet expert.