La crise a été moins forte en France que ce que l'on pensait. C'est l'Insee qui le dit. Pas en raison d'un recul inespéré du chômage, d'un rebond inattendu du pouvoir d'achat ou d'un envol de la production industrielle. Mais simplement parce que le PIB a augmenté plus vite depuis 2008. Alors que l'Insee estimait jusqu'à présent que l'Hexagone avait retrouvé son niveau de richesse produite d'avant-crise au quatrième trimestre 2013, il l'a en fait dépassé dès le troisième trimestre de 2011. Deux ans de crise en moins !Evidemment, personne ne s'en est aperçu puisqu'il s'agit d'un effet d'optique, dû à un changement statistique. Désormais, harmonisation des règles au niveau international oblige, les dépenses de recherche et développement ne sont plus considérées comme des consommations intermédiaires mais comme des investissements. A ce titre, elles viennent donc grossir le PIB. Elles ont représenté 41 milliards d'euros en 2010, soit 2,1 % de la richesse nationale. Ce changement n'aurait pas dû avoir d'impact sur le taux de croissance mais seulement sur la richesse. Mais les économistes de l'Insee ont eu la surprise de découvrir que ce n'était pas le cas. La croissance du PIB a été sous-estimée d'environ 1 % sur les cinq dernières années.
« Les dépenses de R&D croissent en moyenne plus vite que le PIB et sont relativement inertes en cas de baisse de l'activité », explique Laurent Clavel, économiste à l'Insee. « Les entreprises ont tendance à licencier les salariés dont l'activité est directement liée à la production lorsque la demande baisse brutalement et à garder les chercheurs. D'abord parce que ces derniers travaillent à un horizon long, de trois à cinq ans. Ensuite parce que les crises sont aussi souvent des moments d'accélération de la mutation d'un secteur ou d'un produit », décrypte-t-il. Ainsi, les dépenses de R&D ont grimpé plus vite que le PIB depuis 2008 dans l'Hexagone.