Chineur depuis son enfance, Jean-Cyrille Boutmy, le PDG de Studyrama (groupe de 25 millions de chiffre d'affaires, spécialisé dans la vie étudiante et professionnelle, présent sur les Salons, le Web, l'édition et la presse), rachète à Grosvenor, propriété du duc de Westminster, les deux fleurons des puces de Saint-Ouen : les marchés Paul-Bert et Serpette. « C'est un lieu unique au monde, méconnu des Français et des étrangers, confie Jean-Cyrille Boutmy. Alors que le Louvre des Antiquaires va disparaître et que le Village Suisse a du mal à renaître, je veux en faire le point de rassemblement des antiquaires et développer la communication digitale et l'événementiel pour mieux le promouvoir. » Le montant de la transaction, non confirmé, serait de l'ordre de 25 à 30 millions d'euros, et BNP Paribas Développement ainsi qu'un patron du bâtiment à titre personnel accompagnent le PDG de Studyrama dans cette aventure.Ce rachat est plutôt apprécié des marchands. « Sur les 400 commerçants de ces deux marchés, près de la moitié a engagé une procédure auprès du tribunal à l'encontre du propriétaire actuel, pour non-renouvellement des baux, hausse des loyers, opacité des comptes… », observe un antiquaire de Paul-Bert. Voilà pourquoi les choses auraient traîné alors que Grosvenor, développeur immobilier international, souhaitait se désengager depuis deux ans. D'ailleurs Jean-Cyrille Boutmy entend s'employer à rétablir un climat de « sérénité ».

Une partie du patrimoine français

C'est en 2005 que la société du duc de Westminster a acheté les marchés Serpette (2.000 mètres carrés) et Paul-Bert (6.000 mètres carrés) pour une cinquantaine de millions d'euros. Rapidement les relations ont tourné vinaigre avec les locataires. « Cette foncière a vu dans les puces un investissement immobilier et non l'acquisition d'une petite partie du patrimoine français. Devant les tensions, Grosvenor a préféré vendre plutôt que de chercher à comprendre ces marchés atypiques », souligne le maire divers droite fraîchement élu, William Delannoy, qui sait de quoi il parle : ses parents ont ouvert un stand de textile aux puces en 1975 et lui-même a tenu un temps la présidence de l'Association pour la défense et la promotion des puces de Saint-Ouen. Il a fait classer celles-ci en 2001. L'élu compte renforcer la sécurité des 2.500 professionnels et des 30.000 visiteurs présents chaque week-end en redéployant la brigade de police (tombée de 12 à 6) et la vidéosurveillance. Il souhaite résoudre les problèmes de parking, doter les puces d'une station de taxis et dialoguer avec la Ville de Paris pour rendre plus attractifs les abords du marché. « Son élection va sauver le marché aux puces, alors que, en quarante ans, la superficie de celui-ci a été réduite de 40 % », espère Laurence Vauclair, de la galerie éponyme.Alors que l'ouverture du restaurant designé par Starck, Ma Cocotte, et celles de l'Eclaireur et d'Habitat Vintage attirent un nouveau public, Jean-Cyrille Boutmy comme William Delanoy semblent sur la même longueur d'onde pour tirer tout le potentiel « hype » du site et en maximiser les retombées économiques.