Le jésuite argentin, qui fêtera ses 88 ans deux jours après ce voyage, arrivera à Ajaccio à 09H00 (08H00 GMT) et repartira peu après 18H00, selon le Saint-Siège. Il prononcera deux discours et présidera une messe dans l'après-midi au théâtre de verdure du Casone, avant de s'entretenir avec le président Emmanuel Macron.

Cette visite éclair, à l'occasion d'un congrès sur la religiosité en Méditerranée, est programmée une semaine après la réouverture de la cathédrale Notre-Dame de Paris, pour laquelle François a décliné l'invitation lancée par la France l'an dernier.

Devant l'étonnement suscité par le choix de la Corse, plusieurs évêques français ont mis en avant l'attachement de François aux "périphéries" et ses contraintes de calendrier à Rome. 

"La vedette de la réouverture de Notre-Dame de Paris, c'est Notre-Dame de Paris" et François ne souhaitait pas "détourner le regard vers lui à cette occasion", a ainsi déclaré le président de la conférence des évêques de France, Mgr Eric de Moulins-Beaufort.

Le pape a été invité en Corse par Mgr François-Xavier Bustillo, 56 ans, très populaire et médiatique évêque d'Ajaccio depuis 2021, qu'il avait créé cardinal en septembre 2023.

"Il s'agit d'un évènement historique, nous nous donnerons les moyens extraordinaires pour un accueil exceptionnel au Saint Père", a réagi Mgr Bustillo dans une vidéo publiée sur ses réseaux sociaux.

Jeudi, il avait dévoilé l'affiche et le site officiel de la visite tout en expliquant que "quelques ajustements d'ordre administratif et diplomatique" retardaient la confirmation officielle du Vatican.

Après "une année assez particulière du point de vue social et politique" avec "beaucoup de crispations, beaucoup de divisions", le cardinal franco-espagnol a déclaré à l'AFP voir dans cette visite "un événement fédérateur" et "une bouffée d'oxygène".

- "Inespéré" -

Cette visite "pastorale" - et non d'Etat - suscite un vif enthousiasme sur l'île, où les services publics sont en effervescence, et les préparatifs ont déjà commencé. De nombreux hôtels d'Ajaccio ont enregistré un pic de réservation et le diocèse a lancé un appel aux dons et aux bénévoles.

Samedi, les cloches des églises ont sonné "à la volée" à travers l'île pour célébrer cette officialisation.

"C'est un évènement exceptionnel auquel je n’avais jamais espéré assister en Corse", a confié à l'AFP Marie-Paule Mancini, bénévole à la cathédrale d'Ajaccio. "Pour la chrétienne que je suis, c’est l’évènement majeur de ma vie probablement".

Clément Tramoni, infirmier d’une trentaine d’années qui s’est fait baptiser il y a deux ans, espère "savourer l'évènement". "C’est inespéré ! (...) C'est quelque chose que l’on voit qu’une seule fois dans sa vie!", a-t-il dit.

De Malte à la Sicile en passant par l'île grecque de Lesbos, François s'est rendu à plusieurs reprises dans le bassin méditerranéen, qui concentre plusieurs priorités de son pontificat, comme le dialogue interreligieux ou l'accueil des migrants.

Mais c'est la première fois qu'un pape se rend en Corse, région française bénéficiant du statut de collectivité territoriale unique et dont le degré d'autonomie est en cours de discussion entre l'Etat et les élus locaux.

Le chef de l'Eglise catholique s'est déjà rendu deux fois sur le territoire français depuis le début de son pontificat en 2013, à Strasbourg en 2014 et à Marseille en septembre 2023, mais n'y a jamais effectué de visite d'Etat.

Située à 160 km du continent français, la Corse, quatrième île de Méditerranée par sa superficie, compte quelque 350.000 habitants dont 90% de catholiques selon l'Eglise locale, et les traditions religieuses comme les processions restent très ancrées.

Le Saint-Siège et "l'île de beauté" partagent également des liens historiques, à l'image de l'implantation du monachisme (état de vie monastique) sous Grégoire Ier au VIe siècle ou de la création de la garde corse papale au XVIIe siècle.

Malgré de récents problèmes de santé, Jorge Bergoglio, qui se déplace en fauteuil roulant, est apparu en bonne forme ces derniers mois. Ce déplacement en Corse sera son 47e voyage international depuis son élection en 2013 et le troisième de 2024.