Après une année 2022 morose où la hausse de son chiffre d'affaires de 2 % n'a été due qu'à une progression des prix bien supérieure, le secteur du meuble vient à nouveau, en 2023, de boucler une année compliquée. Et risque, en 2024, de continuer à souffrir du recul de l'immobilier.

La baisse des transactions comme des constructions neuves a en effet un impact immédiat sur son activité. Elle prend la suite de l'effet boomerang vécu en 2022 après les hausses de dépenses record réalisées en 2021 par les foyers français pour aménager leur habitat en réaction aux confinements.

Repli accéléré à l'automne

Rien de surprenant donc si le secteur accuse le coup. D'autant qu'un meuble sur trois est acheté par un ménage qui a emménagé depuis moins de deux ans.Si les chiffres définitifs de la filière pour 2023 ne seront connus qu'en février, l'Institut de la Maison-IPEA pointait déjà lors de son colloque de décembre un recul du marché de 1,9 % en valeur pour les dix premiers mois de l'année par rapport à la même période de 2022 malgré les augmentations de tarifs. Et le repli s'est accentué en septembre et octobre. Les ventes ont néanmoins gagné 8,4 % par rapport à 2019, avant le Covid.Tous les segments ne sont pas logés à la même enseigne. Parmi ceux qui souffrent le plus figure la cuisine. Elle fait partie des investissements lourds que l'on réalise souvent lorsque l'on achète un logement. Les estimations de l'IPEA font osciller la régression l'an dernier entre 5 et 8 % en comparaison avec l'année précédente.Même phénomène du côté de la salle de bains, que l'on aménage moins, avec des prévisions entre -5 et -7 %. La literie, en revanche, tire mieux son épingle du jeu avec des prévisions de hausse de ventes entre 1 et 4 % l'an dernier. Le développement des modèles de grande taille joue, notamment, en sa faveur.

Achats moins impliquants

Autre effet du recul des achats d'appartements ou de maison, le meuble dit meublant devrait être plus ou moins stable grâce, en particulier, aux petits produits de complément redonnant un coup de neuf pour peu cher aux intérieurs lorsque l'on ne déménage pas.La décoration pourrait peut-être aussi tirer parti de la conjoncture. En effet, faute de changer d'endroit, les gens peuvent être davantage enclins à desserrer les cordons de leur bourse pour améliorer leur environnement avec des investissements faiblement impliquants.

Du côté des enseignes, le retournement du marché immobilier accroît la pression sur les plus fragiles. Il a joué les facteurs aggravants pour Habitat, dont les problèmes antérieurs ont conduit à la liquidation le 28 décembre.

La situation va perdurer pour la filière. « Le recul de l'immobilier restera un élément négatif pour le marché en 2024. Il s'ajoute à des arbitrages défavorables, note Stéphane Larue, directeur des études de l'IPEA. Les Français ont notamment besoin d'investir sur les équipements liés à l'énergie. »