Dans les assiettes, la part des produits biologiques est passée sous la barre des 6 %, alors qu'elle est le double dans d'autres pays européens. Seuls signes positifs, les magasins spécialisés ont vu leurs ventes repartir de 2,2 % en 2023. Biocoop avait vu en début d'année un retour « des clients occasionnels, les militants étant restés fidèles ». La vente directe à la ferme, elle, cartonne, avec un bond de 8,7 %, les Français allant directement s'approvisionner chez les producteurs. Mais ces deux réseaux ne pèsent que 42 % du marché.
Loin de la grande distribution, qui représente encore la moitié des débouchés, avec des ventes de nouveau en recul en 2023 (- 3,8 %). Et ce même si l'inflation a été moins forte dans le secteur, selon l'Agence Bio, avec des prix en hausse de 8 %, contre 12 % pour les produits conventionnels. Ce qui réduit les écarts. L'an dernier, une nouvelle fois, les enseignes ont supprimé des références, à hauteur de 10 %, au profit notamment de leurs marques distributeurs, plébiscitées par les consommateurs.Diversifier les débouchés
« L'enjeu est de diversifier les débouchés qui dépendent à 91 % de la consommation à domicile, et de réduire la dépendance à la grande distribution, souligne Laure Verdeau, la directrice de l'Agence Bio. Il faut diversifier les risques. » Aujourd'hui, les cantines, où la part du bio est en baisse, comme les restaurants, où il y a eu un maintien, ne pèsent que 9 % des achats. Pizzerias, traiteurs, glaciers font partie des cibles à séduire. « Il n'y a pas de fatalité à cette crise de la consommation, quand on voit que l'Allemagne a réussi à relancer les ventes du bio de 5 % », estime Jérémy Ditner, producteur dans le Grand Est. Le résultat « d'une union sacrée » entre Lidll et Aldi avec la filière locale.Cette panne de croissance a un lourd effet sur la production. La FNSEA a demandé de freiner les installations pour rééquilibrer offre et demande. Aujourd'hui, près de 30 % du lait bio serait déclassé. Le nombre de conversions a ainsi chuté de 30 % (après 40 % en 2022). « Le réservoir de croissance pour l'avenir se réduit, alerte Laure Verdeau. Le taux de surfaces en conversion est de 11 %, le niveau le plus bas depuis 2013. »Conséquences, la France a perdu du terrain, avec un recul de 54.000 hectares de production bio (- 2 %). Une menace sur la production qui a conduit jeudi le gouvernement à rehausser de 15 millions les aides aux agriculteurs bio en difficulté.L'enveloppe atteint désormais 105 millions d'euros, « afin de couvrir la totalité des demandes », a indiqué le ministère de l'Agriculture. Pour l'instant, malgré une vague de déconversions (5 % de sortants), le solde avec les arrivées reste positif, avec 61.000 fermes en bio. « Nous avons plus de producteurs sur de plus petites surfaces, poursuit la responsable de l'Agence Bio. Nous avons perdu surtout des cultures fourragères et des grandes cultures, à cause du recul des cheptels, mais nous avons gagné de petits maraîchers et de petits vignerons. »