La libération du seul otage vivant ayant la nationalité américaine encore retenu à Gaza a permis une suspension temporaire des bombardements dans le territoire palestinien, offrant un rare répit à ses habitants.
Elle a coïncidé avec le départ du président américain Donald Trump pour une tournée au Moyen-Orient, qui le conduira de mardi à vendredi en Arabie saoudite, aux Emirats arabes unis et au Qatar, un des médiateurs entre Israël et le Hamas en guerre à Gaza depuis plus d'un an et demi.
"Les Brigades al-Qassam viennent de libérer le soldat sioniste et citoyen américain Edan Alexander, à la suite de contacts avec l'administration américaine", a indiqué la branche armée du Hamas dans un communiqué.
L'armée israélienne a annoncé plus tard que l'ex-otage lui avait été remis dans la bande de Gaza, avant de franchir la frontière pour entrer en territoire israélien.
Il sera soumis à des examens médicaux avant de retrouver sa famille, selon l'armée."Je suis impatiente et heureuse. (...) nous attendons de pouvoir serrer Edan dans nos bras et sentir qu'il est vraiment avec nous", a déclaré sa grand-mère Varda Ben Baruch dans son appartement de Tel-Aviv.
Sur la "place des Otages" à Tel-Aviv, des centaines de personnes s'étaient réunies, brandissant des drapeaux israéliens et des images du jeune homme, en applaudissant et en pleurant, face aux écrans géants qui retransmettent les images des télévisions israéliennes.
Le gouvernement israélien a salué "chaleureusement le retour du soldat, le sergent Edan Alexander" qui a été enlevé alors qu'il servait dans une base de l'armée dans le sud d'Israël, lors de l'attaque sans précédent du Hamas le 7 octobre 2023.
Cette attaque qui a déclenché la guerre a été suivie d'une offensive de représailles dévastatrice qui a fait des dizaines de milliers de morts et provoqué un désastre humanitaire dans la bande de Gaza.
- "Occasion de respirer" -
Une source au sein du Hamas a indiqué que le mouvement avait été informé, via les médiateurs, d'une pause dans les combats à l'occasion de la libération d'Edan Alexander.
"Il n'y a plus d'avions dans le ciel, et les bombardements ont cessé, contrairement à la nuit dernière", s'est réjouie à Khan Younès (sud) Oum Mohammed Zomlot, une femme originaire de Gaza-ville (nord).
"Tout cessez-le-feu, même temporaire, est pour nous une occasion de respirer", a dit Somaya Abou Al-Kas, 34 ans.
Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a remercié le président américain pour son aide, et a estimé que la libération d'Edan Alexander était le résultat d'une "combinaison gagnante" alliant la pression militaire d'Israël et celle, politique, de Donald Trump.
Il a aussi annoncé l'envoi d'une délégation à Doha mardi pour des négociations sur les autres captifs, après une rencontre à Jérusalem avec l'émissaire américain Steve Witkoff, alors que les négociations indirectes entre Israël et le Hamas en vue d'une trêve sont au point mort."Annoncez ce soir que vous êtes prêt à négocier un accord global pour ramener les (...) otages et établir un cadre pour mettre fin à la guerre", a déclaré dans un communiqué le Forum des familles, la plus grande association de proches d'otages en Israël, en s'adressant à M. Netanyahu.
Le Hamas a appelé l'administration Trump à "poursuivre ses efforts pour mettre fin à la guerre", après que deux responsables du mouvement ont évoqué des "discussions directes" avec Washington.
Après une trêve de deux mois, Israël a repris le 18 mars son offensive à Gaza, s'emparant de vastes régions du territoire palestinien, et a annoncé le 5 mai un plan de "conquête" de Gaza.
- Situation "catastrophique" -
Son armée interdit depuis le 2 mars l'entrée de l'aide humanitaire à Gaza, où elle assiège les quelque 2,4 millions d'habitants.
Le territoire palestinien est confronté à "un risque critique de famine", avec 22% de la population bientôt dans une situation "catastrophique", s'est alarmé IPC (Cadre Intégré de Classification de la sécurité alimentaire) dans un rapport lundi.
Un cessez-le-feu entre le 19 janvier et le 17 mars avait permis de sortir de Gaza 33 otages israéliens --dont 8 morts-- en échange de la libération de quelque 1.800 prisonniers palestiniens.
Lundi, la Défense civile palestinienne a fait état d'"au moins" dix morts, dont plusieurs femmes et enfants, dans une frappe israélienne nocturne contre une école abritant des déplacés à Jabalia (nord).
L'attaque du Hamas le 7 octobre 2023 a entraîné la mort de 1.218 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des données officielles.
Sur les 251 personnes enlevées en Israël ce jour-là, 57 sont encore retenues à Gaza, dont 34 déclarées mortes par l'armée israélienne.
Les représailles israéliennes ont fait au moins 52.862 morts à Gaza, en majorité des civils, selon des données publiées dimanche par le ministère de la Santé du Hamas, jugées fiables par l'ONU.