"People & Baby annonce ouvrir une procédure de sauvegarde accélérée" afin "de renforcer la structure financière de l'entreprise et permettre le financement de sa refondation", a indiqué le groupe qui compte 590 structures en France, dans un communiqué transmis à l'AFP.
Cette procédure "s'étalera sur 2 à 4 mois et permettra au groupe de restructurer son passif, d'obtenir de nouveaux financements et de se relancer sur des bases assainies", ajoute le groupe, assurant que ce dispositif permettait de garantir "la continuité de ses services aux familles" et de maintenir l'emploi.
Cette annonce survient après une série de scandales et révélations qui ont écorné l'image de People & Baby, l'un des quatre grands groupes privés - parfois surnommés les "Big Four" - à se partager le marché avec Babilou, les Petits Chaperons rouges et la Maison bleue.
Fondé en 2004 par Christophe Durieux, le groupe connaît dans les années qui suivent une forte croissance avant d'être ébranlé en juin 2022 par la mort d'une fillette de 11 mois dans une de ses structures à Lyon.
Ce décès suscite une vague d'émotion et d'indignation nationale et conduit le gouvernement à saisir l'inspection générale des affaires sociales (Igas). Son rapport sera complété quelques mois plus tard par deux livres se penchant sur les dérives de certaines crèches privées.
Un an plus tard, une nouvelle enquête publiée en septembre - "Les Ogres" de Victor Castanet - enfonçait le clou et visait explicitement People & Baby, qui aurait falsifié le nombre d'heures de présence des bébés pour toucher de l'argent de la Caisse d'allocations familiales (CAF).
Cette dernière réagit en indiquant que le groupe a été contrôlé trois fois plus que la moyenne en 2023 et en assurant que ses "agissements" ne lui avaient pas échappé.
Le groupe - dont le fondateur et président Christophe Durieux a été évincé de son poste au printemps - indique, lui, que "les pratiques décrites dans l'ouvrage sont en décalage total avec les valeurs" portées aujourd'hui.
"Depuis l'arrivée de Philippe Tapié à la présidence, nous avons déjà entamé une transformation profonde", affirme la nouvelle direction du groupe, qui assure qu'elle corrigera "sans délai" tout "dysfonctionnement qui pourrait être identifié".
- "Escroqueries" -
Quelques semaines plus tard, en octobre, nouveau coup dur - judiciaire cette fois - pour l'image du groupe. Deux ex-salariées d'une crèche People & Baby sont condamnées à Lille à dix mois de prison avec sursis pour des violences sur des enfants.
La semaine dernière, nouveau rebondissement judiciaire avec l'annonce d'une plainte de l'association anticorruption Anticor contre le groupe.
Anticor accuse People & Baby de différentes escroqueries et de détournement de fonds publics, notamment celui "de l'allocation versée au titre du chômage partiel" durant l'épidémie de Covid-19, en ayant eu recours à ce dispositif alors que "300 cadres au moins auraient continué à travailler".
D'autres infractions sont alléguées, "relatives à la falsification de la présence effective des enfants placés en crèche", selon l'avocat de l'association Me Vincent Brengarth, qui évoque également un possible abus de bien social de la part de Christophe Durieux, qui outre People & Baby dirigeait aussi des sociétés civiles immobilières.
Sollicité par l'AFP lundi, le parquet de Paris a indiqué avoir ouvert une enquête à la suite de cette plainte.
Dans son communiqué publié mardi, l'actuel président Philippe Tapié fait savoir que la procédure de sauvegarde accélérée reflète la "volonté de (...) refonder People & Baby" sur "des bases saines et solides", en "dépit de l'héritage du passé".