Un big bang territorial à la vitesse de l'éclair. Le gouvernement veut accélérer le tempo sur la délicate réforme territoriale, dont l'objectif est de diviser par deux le nombre de régions (de 22 à 11 ou 12) et à supprimer les départements. François Hollande rencontre à partir d'aujourd'hui et jusqu'à vendredi les chefs de parti. Il devrait évoquer avec eux plusieurs scénarios dont un semble tenir la corde : le report des élections régionales, non plus d'un an, en mars 2016, comme envisagé, mais de six mois seulement, donc à l'automne 2015. Ce n'est pas l'unique piste sur la table, mais elle présente trois avantages : couper court aux arguments de la droite qui martèle que ce « tripatouillage » est mu par le souci d'éviter une nouvelle défaite électorale ; ne pas placer l'échéance des régionales trop près de l'élection présidentielle de 2017 pour éviter une contagion en cas d'échec ; permettre aux élus de partir en campagne avec une vraie réforme bouclée.

Un projet dès la mi-juin ?

Pour l'exécutif, faire la réforme avant les régionales est devenu une évidence. S'il ne reportait les élections que de six mois, François Hollande devrait donc boucler la carte des régions dès l'automne prochain, la loi imposant que le périmètre des territoires reste figé un an avant les élections. Un calendrier très serré. Certains, au sein du gouvernement, plaident donc pour qu'un projet de loi rapide et succinct, présentant la nouvelle carte et le calendrier, soit présenté dès mi-juin en Conseil des ministres. Le reste de la réforme de la décentralisation (transfert des compétences des départements, essor de l'intercommunalité) étant présenté dans un autre projet de loi, quelques semaines plus tard en Conseil des ministres. Une telle hypothèse suppose toutefois sans doute le recours à la procédure d'urgence pour faire adopter le premier texte au Sénat. Ce que certains jugent politiquement risqué.Car la fusion des régions, si elle reste moins polémique que la suppression des départements, ne fait pas l'unanimité chez les élus. Le gouvernement ne peut guère s'appuyer sur les présidents des conseils régionaux, qui, à deux ou trois exceptions près (Bourgogne, Franche-Comté), ne se montrent pas franchement hostiles, mais peu empressés à s'unir vite. Les parlementaires, eux, sont, comme souvent sur ces sujets territoriaux, divisés. La droite n'approuve pas la méthode. En revanche, certains de ses membres commencent à sortir du bois pour rappeler la nécessité d'entreprendre une réforme de cette nature. L'exécutif espère-t-il trouver une brèche ?Pour supprimer les départements, il lui faudra certainement réviser la Constitution et donc obtenir la majorité des trois cinquièmes au Congrès - le référendum est exclu. Autre possibilité, opter pour une réforme moins large, mais évitant l'écueil de l'inconstitutionnalité. Comme, par exemple, ne supprimer que les départements situés sur les territoires métropolitains et maintenir l'institution du conseil départemental - mais non ses élus - en zone rurale. Autre question sensible, celle du calendrier de suppression des départements. Certains plaident pour une accélération à 2016 ou 2017 au lieu de 2021. Ce qui reviendrait in fine à faire l'impasse sur les prochaines élections départementales.

Dossier sur la réforme territoriale sur lesechos.fr/politique