La France se réveille ce matin avec, pour la première fois de son histoire, un parti d'extrême droite en tête d'un scrutin à l'échelle du pays. Selon les estimations de vote disponibles hier soir à 22 heures, le Front national est arrivé en tête des élections européennes, recueillant autour de 25 % des voix. L'UMP fait une contre-performance, recueillant, dans l'opposition, un score (de 20 à 21 %) inférieur à celui qu'elle avait obtenu en 2009 lorsqu'elle était au pouvoir (27,88 % en alliance avec le Nouveau Centre). Quant au PS, il s'effondre à l'un de ses plus bas niveaux n'obtenant qu'un peu plus de 14 %. C'est deux points de moins que son score d'il y a cinq ans (16,48 %) déjà considéré comme une contre-performance. Malgré leur départ du gouvernement, les écologistes baissent également. Avec 9 % (contre 16,28 % en 2009), ils sont devancés par les centristes (10 %). Le Front de gauche qui se maintient à son niveau d'il y a cinq ans (6 %) n'est pas parvenu à apparaître comme une alternative crédible au PS. Le petit rebond de deux points de participation (42 %) a d'abord profité au FN. Il ne peut être considéré comme le premier parti de France car ce classement ne dépend pas d'un scrutin européen. Mais « on va vers le tripartisme », se désolait hier un responsable socialiste. « Je suis très triste pour ma patrie ce soir », commentait de son côté Jean-Luc Mélenchon. « Le score du Front national, c'est notre faute collective ! » a lancé la centriste Rama Yade. Le parti d'extrême droite est en tête dans cinq circonscriptions métropolitaines sur sept. Deuxième en Ile-de-France et dans l'Ouest (autrefois préservé), il maille tout le territoire national.

Pas de changements au sein du gouvernement

« Ce scrutin est plus qu'une nouvelle alerte, c'est un choc, un séisme », a reconnu Manuel Valls avant de souligner un « score médiocre des partis de gouvernement, tout particulièrement de la majorité et de la gauche ». La totalité des voix s'étant portées sur des listes de gauche plafonne à 33 %.Pour autant, l'exécutif ne semblait pas prêt hier soir à en tirer des conséquences au niveau national. « Il faut poursuivre, redresser le pays pour arriver à sortir de cette crise », s'est contenté de conclure le porte-parole du gouvernement, Stéphane Le Foll. François Hollande ayant déjà remanié son gouvernement au lendemain des municipales, le chef de l'Etat n'a pas l'intention de procéder à de nouveaux changements après ces élections européennes. D'autant que ses proches l'ont répété à l'envi : « On ne peut pas tirer d'enseignement définitif d'une élection européenne ». C'est factuellement vrai puisque la victoire du PS en 2004 ne l'a pas empêché de perdre la présidentielle de 2007 et que sa contre-performance de 2009 ne l'a pas handicapé en 2012. Mais c'est faire fi de la progression du FN dans les autres scrutins aussi.Les dirigeants de la majorité n'ont cessé de répéter hier qu'il fallait « changer l'Europe », s'appuyant notamment sur les bons scores de l'extrême droite dans d'autres pays. L'ennui est que les résultats d'hier soir ne sont pas bons pour l'influence et la crédibilité du chef de l'Etat sur la scène européenne. Le mauvais résultat du PS va contribuer à la victoire des conservateurs au Parlement européen. Et Angela Merkel ressort du scrutin avec une légitimité renouvelée par le bon score de son parti (36 %).