La dette publique a beau continuer de croître, elle coûte de moins en moins cher. Les taux d'intérêt, qui ont atteint vendredi un plus bas historique, devraient donner un coup de pouce à l'exécutif, qui présente ce matin son budget rectificatif. La charge de la dette pour 2014 devrait être revue à la baisse à hauteur de 1,8 milliard d'euros par rapport à la prévision initiale (46,7 milliards). Elle se stabiliserait ainsi à un peu moins de 45 milliards, en dépit de la hausse du volume de dette. Une bonne surprise qui pourrait bien perdurer après les annonces de la BCE. Le collectif va par ailleurs détailler les annulations de crédits (1,6 milliard) qui toucheront tous les ministères, et qui visent à limiter le dérapage du déficit. Car, sur le front des recettes fiscales, le paysage est beaucoup moins encourageant. Les hausses d'impôt ont rapporté deux fois moins que prévu l'an dernier, ce qui conduit l'exécutif à revoir à la baisse ses prévisions de recettes pour 2014. Le manque à gagner devrait dépasser 5 milliards d'euros, à la fois sur l'impôt sur le revenu et l'impôt sur les sociétés. La TVA serait également revue en baisse par rapport au programme de stabilité.Au total, le déficit prévisionnel de l'Etat devrait déraper de près de 1,5 milliard d'euros par rapport au solde voté par le Parlement (82,5 milliards), pour atteindre 83,9 milliards. Ce n'est pas une surprise puisqu'entre-temps, la prévision de déficit public avait été revue en hausse de 3,6 % à 3,8 % de PIB.

Débats agités en perspective

Une chose est néanmoins sûre : les marges de manoeuvre budgétaires sont nulles. Dans ce contexte, les contre-propositions « pour plus d'emplois et de justice sociale » présentées lundi par des députés PS ont été fraîchement accueillies hier. Elles visent à réorienter radicalement les baisses de prélèvements destinées aux entreprises vers les ménages, sans dégrader les comptes. Ces propositions, émanant d'une poignée de députés dont Christian Paul et Jean-Marc Germain (aubrystes), ont été critiquées par une majorité d'élus, mais bien reçues ailleurs à gauche, annonçant des débats agités dans l'hémicycle. « Une minorité cherche à imposer à une majorité une position politique qui n'est pas la sienne », a affirmé à l'AFP le chef de file des députés PS à la commission des Finances de l'Assemblée, Dominique Lefebvre, pour qui « leur objectif ultime est d'aller au 49.3 pour exister ». Annick Lepetit, porte-parole des députés socialistes, estime qu'« une écrasante majorité » du groupe soutient la politique du gouvernement.De leur côté, Bercy et Matignon ont cherché à minimiser la portée des propositions des frondeurs, tandis que le secrétaire d'Etat chargé des Relations avec le Parlement, Jean-Marie Le Guen, a répliqué sur Europe 1 qu'elles n'apportaient pas « grand-chose au débat ». « La très très grande majorité du groupe socialiste n'est pas d'accord avec eux, nous avons déjà voté, à chaque fois il y a eu une très large majorité de gauche pour faire avancer les propositions du gouvernement », a-t-il dit. Michel Sapin, qui a reçu des représentants des patrons de PME, a réitéré les engagements du gouvernement, selon Jean-François Roubaud, président de la CGPME.