Après Crédit Agricole avec Kwixo, BNP Paribas, Société Générale et La Banque Postale avec Paylib, BPCE et LCL avec V.me, le Crédit Mutuel-CIC s'apprête à se lancer à son tour sur le marché du portefeuille électronique ou « wallet ». Baptisée « Fivory », la solution du groupe sera opérationnelle à partir du 17 mai dans une centaine de commerces installés dans l'artère commerciale principale de Boulogne-Billancourt. Pensé pour le téléphone mobile et les nouveaux comportements de consommation qu'il suscite, le wallet est considéré comme un graal de la relation clients. Mais aucun acteur n'a encore trouvé la bonne formule pour le décrocher. Le fait d'arriver en queue de peloton sur ce marché encombré n'est pas obligatoirement une mauvaise chose pour le Crédit Mutuel-CIC. Le groupe semble en effet avoir tiré les leçons des premiers lancements. Explications.

Une solution multicanale

« Fivory n'est pas un wallet, c'est une application de shopping connectée multicanale », martèle Christophe Dolique, directeur général de Fivory SAS. Autrement dit, contrairement aux offres de portefeuille électronique déjà présentes sur le marché, qui se concentrent sur du paiement sécurisé à distance, la solution portée par le Crédit Mutuel peut aussi être utilisée en magasin.

Une approche pragmatique du paiement

En pratique, le particulier télécharge sur son téléphone l'application Fivory et choisit un code à cinq chiffres avant d'entrer les cartes bancaires qu'il souhaite utiliser, et ce, quelle que soit sa banque. « Fivory n'est pas limité aux clients du Crédit Mutuel », souligne Christophe Dolique. En boutique ensuite, le système de paiement privilégié est le sans-contact. Le particulier approche son portable du terminal de paiement (TPE) équipé de la technologie NFC (« Near Field Contact ») puis tape son code à cinq chiffres. Si son smartphone ne dispose pas du sans-contact, ce qui est le cas du très populaire iPhone, les commerçants fourniront un sticker NFC à coller au dos du téléphone. D'autres pourront proposer un paiement par « QR code » : une sorte de code-barres à scanner avec le mobile pour déclencher la transaction. Une dernière solution consistera à entrer son numéro de téléphone sur le TPE du commerçant. « Nous sommes agnostiques », souligne Christophe Dolique, qui prévoit aussi de tester d'autres technologies innovantes comme le Bluetooth ou la reconnaissance vocale.

Les commerçants physiques mobilisés

Toute la difficulté pour ce type de moyen de paiement est de constituer son écosystème. Plutôt que de se lancer comme ses pairs dans la construction d'un vaste réseau d'acceptation de e-commerçants, le Crédit Mutuel s'associe à des acteurs du commerce physique présents dans une même zone de chalandise, susceptibles de partager des clients. Une façon d'augmenter les occasions d'usage de Fivory. Contrairement aux e-marchands, qui rechignent à intégrer des solutions de paiement sur leur site tant qu'elles n'ont pas conquis un nombre conséquent d'utilisateurs, les marchands se montrent d'autant plus ouverts que Fivory va de pair avec une palette de services de gestion de la relation clients à leur main. Moyennant un abonnement de quelques dizaines d'euros par mois à terme - les commerçants participant à Boulogne bénéficient de 7 mois de gratuité -, ils peuvent créer et animer des programmes de fidélité et générer des offres personnalisées, notamment à partir de la géolocalisation des clients. « Les données n'appartiennent qu'au commerçant qui les a générées. Fivory ne garde à sa disposition que des données génériques qui servent à aider le commerçant dans son animation commerciale », souligne Christophe Dolique.