Lancé en mars 2022, le contrat d'engagement jeune, ou CEJ, affiche des résultats plutôt positifs. Fin avril 2024, plus de 111.000 contrats ont été conclus hors renouvellements depuis le début de l'année, soit 11 % de plus que sur la même période de 2023. Dispensé par les Missions locales ou France Travail, le CEJ s'adresse aux 16-25 ans révolus (29 ans en cas de handicap) qui ont du mal à accrocher un emploi durable. Le nombre de jeunes par conseiller, 30 maximum, l'obligation du jeune de faire 15 à 20 heures d'activités par semaine (contrat court, stage...) et le versement, sous conditions, d'une allocation mensuelle de 550 euros maximum, sont censés améliorer l'insertion professionnelle.

Avec quels résultats pour les plus de 702.000 jeunes ayant signé un CEJ ? Du côté des missions locales, qui en ont engrangé les deux tiers, on note que six mois après l'entrée dans le dispositif, un peu plus d'un sur deux étaient en emploi, un tiers en emploi durable, CDI ou CDD de plus de six mois. Un résultat d'autant plus notable qu'une étude de la Dares indique que presque tous ont touché au moins une fois l'allocation, signe d'un éloignement plus important du marché du travail que ceux suivis par France Travail. Un an après les émeutes de 2023, ces résultats ont incité l'exécutif à demander aux deux opérateurs de renforcer leurs prospections dans les quartiers prioritaires de la politique de la ville (QPV). L'objectif ? Passer de près de 20 % à 25 % de bénéficiaires fin 2024, charge au préfet de décliner selon mes spécificités locales.

Objectif indicatif

Même si sa réaction semble isolée, le président de la mission locale Paris Terres d'envol, Grégory Chavaroc, a critiqué une décision à même de « mettre en péril l'universalité » du CEJ. Le préfet de Seine-Saint-Denis a placé la barre à 85 % le concernant. Compte tenu du nombre de contrats engagés depuis le 1er janvier (443 dont 218 en QPV), il pourra atteindre au mieux 60 % si les 127 qui manquent pour réaliser l'objectif de 2024 étaient exclusivement signés en QPV. « Aucune justification ne nous a été donnée », dit-il, inquiet pour les financements de sa mission Locale.Au ministère du Travail, on souligne que l'objectif national de 25 % est indicatif et qu'il n'entraînera aucune rétorsion financière si une mission locale n'atteint pas celui fixé par le préfet. L'effort demandé sur les QPV concerne également les emplois francs ou autres contrats aidés. De plus, dit-on, la mission locale Paris Terres d'envol recouvre des communes avec des QPV. En clair, atteindre 50 % est bien, aller au-delà est mieux, même si cela est plus difficile. Contactée, l'Union nationale des missions locales estime que « l'attention particulière » demandée aux opérateurs du CEJ pour les jeunes en QPV, relève d'une « mesure incitative ».