Plus de baisse, mais pas d'aggravation. Dans un contexte économique morose, malgré le coup de pouce bienvenu des Jeux Olympiques sur les embauches, le chômage tel que mesuré par le nombre de personnes inscrites à France travail, l'ex-Pôle emploi, fait du surplace. C'est ce qui ressort des chiffres publiés par le ministère du Travail jeudi.

En France (hors Mayotte), le nombre de demandeurs d'emploi sans activité (catégorie A) a augmenté de 8.000 à fin juin, à un peu plus de 3 millions sur le premier semestre. Si l'on y ajoute ceux qui ont travaillé un peu (moins de 78 heures, catégorie B), ou beaucoup (plus de 78 heures, catégorie C) dans le mois, les effectifs ont diminué de 6.600, toujours par rapport à fin décembre, à un peu plus de 5,4 millions.La publication de ces chiffres intervient sur fond de ralentissement du marché de l'emploi depuis plusieurs mois, tendance qui risque de durer avec l'imbroglio politique actuel. En juin, les déclarations d'embauches en CDD de plus d'un mois hors intérim ont continué de baisser, mais celles en CDI se sont maintenu au-dessus des 400.000. L'un dans l'autre, elles restent supérieures de 2,5 % à leur niveau de février 2020, juste avant la crise du Covid, et même de 4,5 % dans l'industrie.

Plus de 100.000 emplois menacés

Autre signe du ralentissement, avec la fin des aides d'urgence massives qui, selon l'institut Rexecode, proche du patronat, exacerbe les fragilités du tissu productif hexagonal, le nombre de défaillances d'entreprises est inquiétant. Elles ont bondi de 18 %, à près de 33.500 sur les six premiers mois de l'année, par rapport à la même période de 2023. Près de 102.500 emplois se retrouvent menacés.

Dans sa dernière note de conjoncture - publiée le 9 juillet mais réalisée avant la dissolution et donc sans hypothèse sur ses conséquences -, l'Insee a anticipé une hausse d'à peine 0,1 % de l'emploi, salarié ou non, par trimestre en moyenne d'ici à la fin de l'année. « Sur un an, à la fin 2024, il augmenterait de +0,6 % (soit +185.000 emplois environ), un rythme proche de l'année précédente », prévoyait alors l'Institut de la statistique.

« Ces sept dernières années, on a fait beaucoup de choses », notamment de faire baisser le chômage « à un niveau inédit », a mis en avant Emmanuel Macron mardi soir lors de sa première interview depuis le second tour des législatives. Même s'il n'a rappelé aucun chiffre, le chef de l'Etat faisait a priori référence au taux de chômage, l'autre thermomètre en la matière.

Difficile mais pas impossible

Actuellement de 7,5 % de la population active, il a baissé de 2 points depuis l'élection en 2017 du chef de l'Etat, et même davantage il y a un an, avant de remonter légèrement. Les évolutions du nombre d'inscrits à France travail en catégorie A ou en catégories A, B, C cumulées sont encore plus spectaculaires : -700.000 et -445.000 respectivement sur la période.

Ces résultats n'ont pas pesé dans les élections face aux préoccupations de pouvoir d'achat ou de sécurité. « Je pensais très sincèrement qu'en commençant à régler la question du chômage de masse, eh bien, on réconcilierait la France avec elle-même. Ça n'est pas suffisant. Je constate une chose, plus personne n'a parlé de chômage durant cette campagne […] Or, on n'a pas fini le travail. Mais ça montre quand même qu'on a ces résultats », a-t-il ajouté. De fait, hormis l'abrogation de la dernière réforme de l'assurance-chômage (encore une fois repoussée, la publication du décret d'application a été renvoyée à fin octobre) promise par le Nouveau Front populaire et le Rassemblement national, le sujet a disparu des radars politiques.

L'objectif du plein-emploi demeure dans le camp présidentiel, il est au coeur du pacte de coalition sur lequel il travaille, mais il sera, sans être impossible, difficile à tenir. Cela supposerait de diminuer le taux de chômage de 2,5 points environ en trois ans, sachant que l'Insee table sur une légère augmentation à la fin de l'année, compte tenu du ralentissement attendu de l'emploi au second semestre (+63.000) et de l'augmentation supérieure de la population active sous l'effet de la réforme des retraites. A moins que celle-ci ne finisse par être abrogée.