Selon le ministre de l'Intérieur, Ali Yerlikaya, les deux auteurs de l'attaque, dont une femme, ont été identifiés comme "des membres du PKK", le Parti des Travailleurs du Kurdistan en lutte armée contre Ankara.

Le couple apparait sur des images des caméras de surveillance du site visé, aux abords d'Ankara, sortant d'un taxi dont ils ont abattu le chauffeur, fusil d'assaut en mains et ouvrant directement le feu sur les employés.

M. Yerlikaya avait rapidement désigné le PKK comme le "probable" responsable de l'attaque qui a fait cinq morts, plus les deux assaillants, et 22 blessés.

Rentré rapidement de Kazan, en Russie, où il a participé au sommet élargi des Brics (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud), le président Recep Tayyip Erdogan a présidé en fin de journée un conseil de sécurité sur l'ancien aéroport Atatürk d'Istanbul.

Selon l'agence étatique Anadolu, le chef de l'Etat a entendu le ministre des Affaires étrangères Hakan Fidan, ancien puissant patron des services de renseignements (MIT) et son successeur, Ibrahim Kalin, ainsi que les ministres de la Défense et de l'Intérieur, le chef de l'Etat major, le patron des Industries de Défense et des représentants du parti AKP au pouvoir, laissant présager une riposte musclée.

Toute la journée les obsèques des victimes se sont déroulées sous forme d'hommage national, en présence de représentants du gouvernement, les cercueils tendus du drapeau rouge de la Turquie. 

- Alerte orange -

Dans ce contexte, les aéroports d'Istanbul ont décidé de rehausser les mesures de sécurité passant en "alerte orange" et prévenant les passagers de fouilles renforcées.

En représailles, l'armée turque a mené depuis la nuit dernière des raids aériens qui ont visé "47 cibles (du PKK), dont 29 en Irak et 18 dans le nord de la Syrie", faisant "59 morts parmi les terroristes dont deux responsables de haut niveau" a annoncé le ministère de la Défense. 

Selon une source proche du ministère, ces "opérations aériennes se poursuivront dans les jours à venir", visant "des grottes, des entrepôts, des installations utilisées" par le PKK.

Les forces kurdes en Syrie ont pour leur part annoncé la mort de douze civils dont deux enfants.

Cet attentat survient alors que les autorités semblent vouloir trouver une solution négociée au conflit, a relevé jeudi M. Kurtulmus, estimant qu'il "ne peut s'agir d'une coïncidence". 

Mardi, le président du MHP (nationaliste) Devlet Bahçeli, principal allié du parti AKP de M. Erdogan, a invité le chef historique du PKK, Abdullah Öcalan, à s'exprimer devant le Parlement pour annoncer la dissolution de son parti et son renoncement au terrorisme.

- Terrain politique -

Mercredi, Adbullah Ocalan, détenu à l'isolement depuis 1999 sur une île-prison au sud d'Istanbul, recevait la visite d'un proche qui en avait fait la demande en août.

Son neveu, Ömer Öcalan, député du principal parti pro-kurde, le Dem (ex-HDP), a pu s'entretenir avec lui: "Notre dernière rencontre en face à face avec Abdullah Öcalan avait eu lieu le 3 mars 2020" a-t-il rapporté sur X. 

Sa famille avait eu un bref échange téléphonique avec lui en mars 2021.

A la demande d'Öcalan, son neveu, qui l'a jugé "en bonne santé", a transmis le message suivant: "Si les conditions se présentent, j'ai le pouvoir théorique et pratique de transférer le conflit du terrain de la violence au terrain juridique et politique".

Malgré sa longue détention, "Öcalan, reste l'acteur de référence et pourrait, à certaines conditions, peser sur le ou les processus", estime Hamit Bozarslan, directeur d'études à l'Ecole des hautes études en Sciences sociales à Paris, joint jeudi par l'AFP.

Dès mercredi, le Dem, troisième force au Parlement, avait jugé "significatif" que cet attentat se produise "quand la société turque discute de solutions pour faire émerger la possibilité d'un dialogue".

Öcalan, "Apo" pour ses partisans ("oncle" et "chef", en kurde) a été condamné à la prison à vie. Fondateur du PKK d'obédience marxiste-léniniste en 1978, il avait opté pour la lutte armée en août 1984 afin d'obtenir la création d'un Etat kurde, avant d'appeler à plusieurs reprises à déposer les armes.

A Kazan, le président Recep Tayyip Erdogan a remercié "tous nos amis qui ont exprimé leurs condoléances pour l'attaque perfide d'hier et pour leur solidarité".

Le Conseil de Sécurité de l'Onu a souligné jeudi "la nécessité de demander des comptes et de traduire en justice les auteurs, organisateurs, financiers et parrains" de "tout acte terroriste criminel et injustifiable".