Malgré un contexte politique national pleins d'incertitudes, le 11e baromètre du mécénat d'Admical recense 170.000 sociétés mécènes contre 110.000 il y a deux ans. Ce baromètre repose sur les données fiscales déclarées par les sociétés à la Direction générale des Finances publiques ainsi que sur les résultats d'une enquête, menée par l'Ifop auprès de 700 entreprises de plus de 10 salariés entre le 19 septembre et le 12 novembre 2024, pour l'Admical, l'association de promotion du mécénat d'entreprise. Entre 2018 et 2023, le nombre d'entreprises déclarant des dons a été multiplié par 1,8 et le montant des mécénats déclarés par 1,4, pour atteindre le chiffre de 3 milliards d'euros en 2023. Et selon l'enquête Ifop-Admical, 17 % des entreprises mécènes ne déclarant pas leurs dons, le soutien global s'établirait plutôt aujourd'hui à 3,8 milliards d'euros, contre 3,6 milliards lors du baromètre précédent, en 2022.« Cette édition souligne l'ancrage de plus en plus fort du mécénat dans les stratégies d'engagement des entreprises, grandes et petites, et leur volonté d'agir pour l'intérêt général au plus près de leurs territoires », note Yann Queinnec, délégué général d'Admical qui y voit l'effet positif des exigences de RSE. « L'intérêt social de l'entreprise et l'intérêt général se conjuguent progressivement, notamment sous l'effet de la loi Pacte », pointe-t-il.

Le sport en tête

Le tissu économique hexagonal étant très atomisé, les TPE et PME représentent 97 % des mécènes et 33 % du budget de mécénat, tandis que les grandes entreprises de plus de 1,5 milliard d'euros de chiffre d'affaires ne constituent que 0,2 % des mécènes mais couvrent 39 % des montants. Si les trois quarts des grosses sociétés pratiquent le mécénat, c'est la moitié des ETI, un tiers des PME, et seulement une TPE sur vingt.L'ancrage territorial semble s'accélérer : 88 % des mécènes agissent au niveau local ou régional, c'est 12 points de plus que lors de la précédente édition et cela devient la deuxième motivation pour s'engager dans le mécénat (36 %, en progression de 9 points), juste derrière le souci d'incarner les valeurs de l'entreprise (40 %, mais en recul), et juste devant l'objectif de valorisation de l'image (à 32 %, en recul également).Concernant les causes défendues, les Jeux Olympiques propulsent le mécénat sportif en tête pour la première fois, s'arrogeant 40 % du budget global du mécénat, en croissance de 12 points en deux ans. Et, là encore, 86 % des mécènes du sport soutiennent des associations locales.

La culture au deuxième rang

« Néanmoins, cette progression du mécénat sportif se fait au détriment de la culture et du social, dans un contexte économique dégradé, avec un risque de baisse des subventions publiques accru : c'est inquiétant », juge François Debiesse, président d'Admical.La culture occupe toutefois la deuxième place avec 28 % des entreprises mécènes agissant dans ce domaine. La musique reste le terrain privilégié et concentre les montants les plus élevés, suivie des arts visuels et du théâtre, comme il y a deux ans. A noter, la dimension importante du mécénat croisé : 36 % des projets culturels aidés intègrent des enjeux de formation, d'insertion professionnelle, de solidarité ou d'environnement.

Mécénat de compétences prioritaire

Enfin, le mécénat de compétences fait son chemin : 20 % des répondants le font figurer dans leurs priorités pour les deux ans à venir. Aujourd'hui, 16 % des entreprises mécènes le proposent - un chiffre stable par rapport à la dernière édition -, mais d'une manière plus volontariste au niveau du nombre de jours accordés aux collaborateurs (39 % octroient 6 jours ou plus par an, en hausse de 35 points).