Après plusieurs semaines de signaux négatifs pour l'économie française, deux nouvelles sont venues rassurer quelque peu hier les experts sur l'existence d'une reprise, même poussive, de l'activité. La Banque de France a réitéré sa prévision d'une croissance de 0,2 % au deuxième trimestre. Et l'Insee a indiqué que la production industrielle française avait grimpé de 0,3 % au mois d'avril. Après un recul en mars, l'industrie tricolore est repassé dans le vert le mois denier. Mais l'amélioration reste très tenue. « L'absence d'amélioration globale du climat des affaires au cours des derniers mois renforce cette impression d'une économie française de nouveau à l'arrêt », soulignent les économistes de BNP Paribas. La désindustrialisation, si elle semble en partie stoppée à court terme, n'en reste pas moins patente et s'est accélérée depuis 2008. Dans une étude, l'Insee rappelle que la production industrielle française reste inférieure de 16 % à son niveau d'avant la crise. Ce sont les secteurs automobile et matériels de transport - excluant l'aéronautique - qui ont le plus reculé depuis 2008.
Le rouleau compresseur allemand
Chez nos voisins, l'Insee note que, à la fin 2013, dans la zone euro, « seule l'industrie allemande a retrouvé son niveau de production industrielle de 2007 ». Indéniablement, l'Allemagne a renforcé sa puissance avec la crise. Alors que dans l'automobile, « avant la crise, la production allemande était moins bien orientée que celle de la France et de la zone euro, depuis 2000, son évolution globale est désormais très supérieure à celle de la France ». D'ailleurs, selon une étude de la Commission européenne, l'Allemagne est aussi le seul pays de la zone euro à avoir vu la part de l'industrie manufacturière dans son PIB se maintenir entre 2000 et 2012. Celle-ci représentait 22,4 % de la richesse nationale annuelle. A titre de comparaison, 10 % seulement du PIB français était réalisé par l'industrie manufacturière en 2012, à peu près autant qu'au Royaume-Uni mais 5 points de moins qu'en Italie. En Europe, à part l'Allemagne, seuls les pays de l'Est ont vu leur industrie se renforcer ou se stabiliser depuis 2000. La Hongrie, la Pologne ou encore la République tchèque ont réussi à maintenir leur industrie. Ce qui s'explique aisément : les industriels allemands utilisent beaucoup les pays de l'Est de l'Europe pour produire les pièces dont ils ont besoin et qu'ils intègrent dans des produits conçus en Allemagne. L'industrie allemande profite des bas salaires de ces pays et les intègre à sa chaîne de valeur. Devant le rouleau compresseur allemand, toutes les industries des autres pays de la zone euro, France en tête, souffrent.