Ils se sont vus jeudi et vendredi derniers pour finir de balayer les nombreux sujets contenus dans la négociation sur le « pacte de la vie au travail » que le gouvernement leur a demandé d'ouvrir. Ne reste plus que le compte épargne temps universel (Cetu), qui sera abordé le 23 février.

Pour l'instant, tous ont égrainé leurs propositions. On s'est écouté, surtout, sans chercher la confrontation, mais cette fois-ci, le patronat n'a pas parlé d'une seule voix. D'ordinaire, c'est sur le nombre de paraphes syndicaux que se joue un accord. Mais dans cette négociation « new look », comme la qualifie un participant, la construction des équilibres s'annonce délicate aussi du côté des représentants des entreprises.

De futurs points de tension

Le Medef peut signer tout seul, car il pèse près de 70 %, en termes de représentativité, contre 25,5 % pour la CPME et un peu plus de 5 % pour l'U2P. « Mais il faut quand même qu'on en trouve au moins deux qui soient d'accord du côté patronal », estime un syndicaliste.

La séance du 1er mars s'annonce cruciale. Elle va permettre de définir les têtes de chapitre du projet d'accord avant qu'un premier texte martyr soit soumis à la négociation. Mais si elles ont démarré en douceur, les discussions sont déjà rentrées dans le dur et ont permis d'identifier de futurs points de tension.

L'emploi des salariés âgés figure en tête de la liste. Après la CPME, qui plaide pour un allégement de charges, le Medef a dévoilé sa version d'un futur CDI senior qui viendrait remplacer le CDD senior actuel, qui ne marche pas du tout. Ce contrat ne concernerait que les demandeurs d'emploi. Il permettrait à l'employeur de licencier son salarié dès qu'il pourrait partir en retraite à taux plein, la date de départ étant arrêtée dès la signature du contrat, alors que le Code du travail n'autorise la mise à la retraite d'office d'un salarié qu'à partir de 70 ans.

Le Medef propose par ailleurs que les demandeurs d'emploi seniors acceptant un emploi moins bien payé que le précédent aient droit à une allocation versée par l'Unédic pour limiter le choc financier.La suppression de la filière senior d'indemnisation chômage n'est en revanche pas à l'ordre du jour. Seule la CPME la demande. Mais son adaptation à la réforme des retraites avec un recul de l'âge d'application le sera, ce que refusent les syndicats.

Vers un compromis sur la retraite progressive

Un compromis semble pouvoir se dégager sur un autre sujet : la retraite progressive. Pour l'instant, cette possibilité de réduction du temps de travail est de 20 % à 50 %, la perte de salaire étant partiellement compensée par la perception d'une part de la pension.Elle n'est actuellement possible que deux ans avant l'âge du départ à la retraite à taux plein. Hubert Mongon, le négociateur du Medef, a évoqué la possibilité de passer ce délai à quatre ans, ce qui permettrait de déclencher la retraite progressive dès 60 ans pour un départ à 64 ans. Mais il a précisé être dans l'attente du chiffrage du coût d'une telle mesure, dont le patronat exclut qu'elle s'impose aux employeurs, qui devront conserver la possibilité de refuser.