Ni déclarations incendiaires, ni appels à la grève, pas davantage de manifestations intempestives : c'est une première victoire qu'a remportée, hier, le député Thomas Thévenoud en présentant les conclusions de son rapport, deux mois après s'être vu confier par le Premier ministre une mission de conciliation entre professionnels des taxis et entreprises de véhicules de transport avec chauffeurs (VTC). « C'est un rapport fouillé et de qualité », a réagi pour « Les Echos » Yann Ricordel, le directeur général des Taxis bleus, l'un des principaux réseaux de taxis parisiens.L'élu PS de Saône-et-Loire, qui aura beaucoup consulté avant de rendre sa copie à Manuel Valls, a le mérite de prendre en compte, non seulement, les préoccupations des différents acteurs du secteur mais surtout les demandes des clients d'une modernisation du service et d'une amélioration de la qualité. « C'est dans l'intérêt de notre profession », admet Yann Ricordel, selon lequel pas moins de 150 chauffeurs arrêtent leur activité tous les mois, tandis que le prix d'une licence de taxi à Paris a baissé de 25 %, à 190.000 euros contre 245.000 euros, signes tangibles d'une crise.La plus spectaculaire de ses propositions est de rendre les taxis plus reconnaissables en leur faisant adopter une couleur unique. Mais outre la difficulté de mise en oeuvre d'une telle disposition, dans la mesure où nombre d'artisans taxis disposent de leur propre véhicule, pas sûr qu'elle soit la plus efficace, ni la plus demandée. Le marché des clients qui hèlent un taxi dans la rue ne cesse en effet de baisser, pour ne représenter plus que 15 % des courses à Paris, selon un professionnel.

Couleur unique

Plus structurantes en revanche, seraient l'équipement systématique dans les taxis d'un terminal de paiement par carte bancaire, d'un système de géolocalisation ou encore la mise en place d'un forfait aéroport. Le député propose également de supprimer la course dite « d'approche » qui fait que le client peut monter dans un taxi où le compteur affiche déjà plus de dix euros. Thomas Thévenoud suggère de faire en sorte que le taxi lorsqu'il arrive ait un compteur au tarif minimum, à savoir 6,86 euros.L'élu propose encore de modifier le statut de locataire, très défavorable aux quelque 7.000 chauffeurs de taxi parisiens qui y sont assujettis, pour le faire évoluer vers un système de location-gérance. « Ce serait un changement majeur », reconnaît Yann Ricordel qui se montre néanmoins extrêmement prudent. Il ne faudrait pas, explique-t-il, que cela menace le millier d'emplois en région parisienne concernés par la location de véhicules équipés taxis. Parmi les autres mesures qu'il préconise pour les taxis, Thomas Thévenoud recommande aussi la distribution de nouvelles licences gratuites mais non cessibles.Pour ce qui concerne les VTC, le député a entendu les chauffeurs de taxi en demandant de prolonger le gel des immatriculations de VTC, décidé en février dernier après un mouvement de protestation des taxis. Il propose, aussi, de soumettre les chauffeurs de VTC à une formation et leurs véhicules à un contrôle technique tous les six mois, d'immatriculer les opérateurs VTC et de leur imposer une tarification « claire et au forfait ». Il entend également interdire la « maraude électronique », c'est-à-dire la possibilité de visualiser les véhicules se trouvant à proximité sur une carte numérique. « Le taxi n'a pas le droit d'occuper l'espace public en dehors des stations, il faut imposer le respect de la réglementation aux VTC », insiste Yann Ricordel, qui s'inquiète des moyens mis en oeuvre pour ce faire.Thomas Thévenoud, qui demande, par ailleur,s au gouvernement de mettre fin au système Uber-POP (lire ci-dessous), estime que toutes ses propositions peuvent passer la rampe du Conseil constitutionnel et aussi au niveau européen. Une proposition de loi sera d'ailleurs prochainement déposée à l'Assemblée nationale.

Taxis contre VTC : le bras de fer sur lesechos.fr/dossiers