Le chiffre n'est pas surprenant après l'annonce, jeudi dernier, d'une croissance nulle au premier trimestre. Il n'en constitue pas moins une mauvaise nouvelle supplémentaire. Selon les données provisoires publiées vendredi par l'Insee, la France a dans le même temps renoué avec les destructions d'emplois dans le secteur marchand, avec 23.600 postes perdus de janvier à mars (- 0,1 %). Une nouvelle fois, l'intérim, considéré comme un indicateur avancé du marché du travail, a joué un rôle clef : son rebond fin 2013 avait alors porté l'emploi global, sa rechute le plombe aujourd'hui, avec une dégringolade de 24.900 emplois (- 4,6%) dans le seul travail temporaire. Cela tire dans le rouge le secteur tertiaire (- 0,1 %) - où est comptabilisé l'intérim et qui regroupe plus de sept emplois sur dix - tandis que l'industrie (- 0,3 %) et la construction (- 0,4 %) s'érodent encore et toujours. Le nombre de postes supprimés atteint 57.200 sur un an et 180.000 depuis le début du quinquennat.C'est un nouveau coup d'arrêt alors que le trimestre précédent avait vu l'économie recréer des emplois, modestement, pour la première fois en deux ans. Avec désormais moins de 15,9 millions d'emplois dans les secteurs principalement marchands, la France est retombée au niveau de début 2005.

2014 : pas de mieux en vue

D'ores et déjà, la légère hausse de l'emploi salarié au premier semestre, espérée par le gouvernement et anticipée par l'Insee dans ses prévisions en mars, semble compromise. Faute d'une croissance suffisante, c'est toute l'année qui s'annonce fastidieuse : la Commission européenne n'envisage pas de retour des créations d'emplois en France avant début 2015 ; l'OCDE évoque même plutôt la fin 2015.Au-delà des chiffres, le timing est politiquement mauvais pour le gouvernement. De même que le « retournement » que disait sentir François Hollande a été contredit par l'annonce d'une croissance nulle, le retour des destructions d'emplois vient souligner l'immense chemin restant à parcourir pour repasser sous la barre des 3 millions de chômeurs (3,35 millions aujourd'hui) d'ici à la fin du quinquennat, objectif que s'était fixé trois jours plus tôt (mardi dernier) le ministre du Travail, François Rebsamen. Compte tenu de la hausse continue de la population active, cela supposera de créer quelque 700.000 emplois d'ici à mai 2017. Soit 20.000 par mois à comparer au rythme actuel de - 8.000.