Les TGV Inoui comme Ouigo circulaient à peu près normalement, tandis que seulement sept TER sur dix et un Intercités sur deux roulaient par rapport à d'habitude.

Sur le RER D, l'une des lignes les plus touchées en région parisienne, deux rames sur cinq circulaient finalement (au lieu d'une sur trois initialement prévu).

"Certains trains sont annulés, mais enfin ça va. Je suis quand même arrivée en retard, mais ce n'est pas grave", relativisait une usagère à la descente d'un RER D loin d'être bondé en gare de Lyon, à Paris.

Cette mobilisation en demi-teinte est un échec pour les syndicats qui cherchaient à mobiliser fortement après l'annonce du démantèlement de Fret SNCF début novembre. D'après la CGT, un cheminot sur quatre s'est mis en grève jeudi, bien loin des niveaux atteints pendant la lutte contre la réforme des retraites.

Les fédérations cheminotes avaient présenté cette journée comme un "ultimatum" avant un mouvement de grève reconductible à partir du 11 décembre si aucune réponse n'était apportée à leurs revendications.

"Cette grève à Noël, les Français n'en veulent pas, on les comprend, et il n'y a pas de raisons, surtout", a déclaré le PDG de la SNCF Jean-Pierre Farandou jeudi sur RTL.

- Ouverture du capital -

La CGT-Cheminots, l'Unsa-Ferroviaire, Sud-Rail et la CFDT-Cheminots réclament un moratoire sur le démantèlement — sans licenciement — de Fret SNCF, l'opérateur public leader du transport de marchandise sur rail en France.

"Le ministre [délégué aux Transports] l'a redit récemment, le moratoire en tant que tel, c'est non", a rappelé M. Farandou, précisant que les conditions de transfert des cheminots de Fret SNCF vers les nouvelles filiales (Hexafret et Technis) pouvaient être discutées. Deux tiers des 500 employés dont l'emploi a été supprimé ont déjà été reclassés dans d'autres sociétés du groupe, a-t-il également souligné.

"Les chiffres nationaux [de la mobilisation] ne sont pas terribles", a reconnu lors d'une assemblée générale organisée à gare de Lyon le secrétaire fédéral de Sud-Rail Fabien Villedieu.

"Il faut qu'on se bouge, a-t-il interpellé, on doit prendre conscience de ce qu'il se passe". "Je sais que beaucoup de collègues ne se sentent pas concernés, mais personne ne sera préservé", a insisté M. Villedieu, alors qu'une ouverture du capital de Rail Logistics Europe, qui regroupe les activités fret de la SNCF, est prévue pour 2026. La SNCF restera majoritaire, insiste cependant la direction du groupe.

"Ce qui arrive au fret, c'est exactement ce qui est en train de se passer dans le transport de voyageurs, notamment au TER", a rappelé Thierry Nier, de la CGT-Cheminots, mercredi.

- Transférés dans des filiales -

L'intersyndicale s'inquiète en effet de la création de filiales par SNCF Voyageurs pour répondre aux appels d'offres lancés par les régions pour exploiter leurs réseaux de train express régional (TER) et par l’État pour les Intercités.

Mi-décembre, près de 1.200 cheminots vont être transférés pour la première fois dans trois de ces filiales, avec à la clef une organisation du temps de travail moins avantageuse afin de gagner en productivité et compétitivité.

Cette mobilisation survient au lendemain des négociations annuelles obligatoires sur les salaires à la SNCF. La direction du groupe ferroviaire a proposé 2,2% d'augmentation, nettement moins que les années précédentes marquées par une forte inflation, mais plus que l'inflation anticipée en 2025 (+1,5%). 

Outre le moratoire sur le démantèlement de Fret SNCF et l'arrêt de la "filialisation" dans les TER, l'intersyndicale demande une loi de programmation pluriannuelle pour financer l'entretien du réseau. La CGT réclame aussi la tenue d'un débat au Parlement sur l'avenir de Fret SNCF.

Les quatre fédérations syndicales doivent se retrouver dans la soirée jeudi pour discuter de la suite du mouvement. 

"J'espère que l'interfédérale va maintenir la stratégie d'unité et la grève reconductible" de décembre, a dit Fabien Villedieu.