Mercredi, lors du deuxième rendez-vous de négociation d'un « pacte de la vie au travail » entre le patronat et les syndicats, les organisations patronales ont continué à jouer chacune leur partition. En particulier la CPME qui a continué à faire entendre sa petite musique, quitte à braquer les syndicats. Michel Beaugas, de Force ouvrière, a ainsi qualifié ses propositions comme « d'un autre temps ». « Elle y va au Kärcher », a déploré Jean-François Foucard, de la CFE-CGC.

Une proposition de la Confédération des PME a particulièrement hérissé les syndicats : celle d'assortir le financement par l'entreprise de formations d'un dédit-formation, c'est-à-dire d'un engagement du salarié à rembourser les frais de formation s'il démissionne avant un certain délai. Cette obligation existe aujourd'hui dans certains cas mais est trop complexe à activer donc rarement appliquée, juge la CPME.

Contrepartie

Eric Chevée, vice-président de l'organisation patronale chargé du social, a défendu cette proposition s'agissant des contrats en alternance. Il s'agit pour lui d'anticiper le cas où l'aide financière à l'apprentissage serait révisée par exemple pour les diplômes de l'enseignement supérieur.

Parmi les autres propositions de la CPME figure celle d'instaurer un CDI senior grâce aux moyens dégagés par la suppression de la filière senior, une mesure défendue également par le député Renaissance Marc Ferracci. Le dispositif est somme toute assez classique : il s'agirait de réduire les cotisations sociales des entreprises qui embauchent un senior au chômage. De quoi s'attirer les critiques des syndicats qui dès la première séance de négociation, vendredi dernier, ont exigé que toute aide aux entreprises soit assortie d'une contrepartie. Eric Chevée préconise que l'allégement de cotisations soit conditionné à l'engagement d'embaucher et de conserver le salarié senior de « 57-58 ans » ou plus, jusqu'à ce qu'il bénéficie d'une retraite à taux plein. Elle ne s'appliquerait « pas au-delà du plafond de la Sécurité sociale ».

Mais l'essentiel des discussions de mercredi a porté sur l'enjeu des transitions professionnelles et des reconversions, le débat portant notamment sur les responsabilités des entreprises et des salariés dans le choix des formations et leur financement. Du côté des organisations de salariés, on ne rejette pas le principe d'une co-construction, mais à un niveau collectif, dans les branches comme dans les entreprises. Et on ne veut pas entendre parler d'un ticket modérateur ou autre forme de reste à charge pour le compte personnel de formation (CPF).

Un « puzzle » à assembler

Un CPF que la CPME verrait bien financer le conseil en évolution professionnel, aujourd'hui gratuit pour le salarié car intégralement pris en charge par France compétences. Objectif affiché par l'organisation patronale : dégager des moyens pour financer le conseil aux entreprises de 50 à 300 salariés qui n'est plus assuré par les Opco.Le prochain rendez-vous entre les partenaires sociaux est fixé au 15 février. Yvan Ricordeau, de la CFDT, a pointé la difficulté de l'exercice. Il a comparé la négociation en cours à un « puzzle » qui va devoir être « assemblé ». « Il commencera à prendre forme à partir de la fin février », quand tous les sujets au programme auront été balayés.