C'est un petit pied de nez à la fuite de la chaussure française. La marque Paraboot vient de décider la construction d'une nouvelle unité de production. « C'est la première construction d'une usine de chaussures en France depuis trente ou quarante ans », s'est félicité Paul Batigne, président du Conseil national du cuir. Paraboot est l'un des derniers vaisseaux amiraux de la fabrication made in France au même titre que les plus chics Weston, Louboutin, Repetto ou Heschung, par exemple. Ces derniers dinosaures ne dégagent plus que 900 millions d'euros de chiffre d'affaires sur les 3 milliards réalisés à l'exportation par les marques françaises, la grande majorité étant produite au Portugal, au Maroc ou ailleurs.Ce petit retour au made in France des grandes maisons inspire également de plus petites entreprises. Jean-Pierre Renaudin, président de la Fédération française de la chaussure, veut croire à l'engouement actuel pour la création que son organisme a réussi à susciter avec l'incubateur « Au-delà-du cuir ». Cette structure et son fonds de 1 million d'euros ont permis l'émergence d'une vingtaine de jeunes créateurs depuis 2012. Quatre ont déjà attiré des investisseurs. « Sur 85 dossiers par an, nous en sélectionnons 4 ou 5 », indique Jean-Pierre Renaudin.

« Problème de fins de carrière »

Les professionnels saluent aussi avec optimisme les projets d'agrandissement d'ateliers existants. A la fédération, Joseph Audouin, délégué général de l'Union de la chausure, cite par exemple France Mode en Vendée, un atelier de 50 confectionneurs. « Ils ont pu rapatrier une part de leur production, car ils avaient maintenu une petite production et des compétences », explique Joseph Audouin. Il cite également la manufacture Cléon qui, en huit ans, a vu l'activité de son atelier de Maine & Loire quadrupler. Autres exemples toujours dans le Choletais, le bottier Corthay a quintuplé son chiffre d'affaires depuis 2010 et devrait créer 45 emplois d'ici à 2016 et La marque Karston dont l'atelier se développe à Saint-Macaire-en-Mauges en Vendée. « La production française demeure possible dans le luxe ou dans les marchés de niche, explique Jean-Pierre Renaudin. L'origine française est un argument fort à l'exportation. » Sur les marchés techniques sont ainsi chaussés français les militaires, les pompiers, certains ouvriers de l'agroalimentaire, etc. « Le développement d'une production française est importante pour maintenir les compétences de la filière. Nous avons de rééls problèmes de fins de carrière », prévient Joseph Audouin.