C'est, sur le papier, enfin un chiffre encourageant pour le marché du travail. Après trois trimestres de légère oscillation autour d'un point bas, l'emploi intérimaire a rebondi au dernier trimestre 2013, selon les données publiées hier par la Dares (ministère du Travail). Avec 545.100 salariés intérimaires dénombrés à la fin de l'année, le nombre de postes a progressé de 4,6 % par rapport au trimestre précédent et de 6,6 % par rapport au dernier trimestre 2012, mesure la Rue de Grenelle. En équivalent temps plein, la hausse est plus limitée, avec un volume de travail temporaire en progrès de 1,2 % par rapport au trimestre précédent. Le rebond s'est retrouvé aussi bien dans l'industrie, où il ne fait toutefois qu'y compenser le recul des CDD et des CDI, que dans la construction et le secteur tertiaire.Ces données confirment celles publiées par l'Insee mi-février, qui pointaient que cette reprise de l'intérim avait permis à l'emploi salarié de repartir, au dernier trimestre 2013, à la hausse dans le secteur marchand pour la première fois depuis mi-2011. Mais, à en croire le Prism'emploi, la fédération professionnelle des entreprises de travail temporaire, ce rebond est à fortement relativiser... et a déjà fait long feu. En raison, d'abord, de l'effet calendrier : le recours à l'intérim varie avec les saisons et le quatrième trimestre, sous l'impact notamment des fêtes et des soldes, est traditionnellement meilleur que le troisième. Et le propre baromètre de Prism'emploi, qui mesure l'emploi intérimaire moyen sur un mois quand la Dares se base sur le nombre d'intérimaires en poste en fin de mois, arrivait à des conclusions beaucoup plus mesurées sur le dernier trimestre 2013, avec un emploi intérimaire qui retrouvait des couleurs après deux ans de chute continue mais restait encore légèrement inférieur à son niveau du dernier trimestre 2012.

Chute marquée dans le BTP et les services

Surtout, alors qu'il jugeait la chute quasi continue depuis deux ans enfin « enrayée » et misait pour cette année sur « une stabilisation molle au point bas actuel », le Prism'emploi a depuis vu ses chiffres repartir à la baisse. Selon les deux dernières éditions de son baromètre, les effectifs intérimaires sont en recul de 2,7 % en janvier par rapport à janvier 2013, puis de 2,4 % en février par rapport à février 2013. Dans les deux cas, le repli n'est que léger dans le transport, les commerces et l'industrie, mais la chute est marquée dans le BTP (- 6,9 % puis - 9,1 %) et les services (- 4,4 % puis - 4,2 %). Et « cette mauvaise surprise se confirme en mars », confie aux « Echos » François Roux, délégué général du Prism'emploi. Les remontées dont ils disposent à ce stade font ainsi état d'un nouveau recul de 1,8 %, avec encore « tous les secteurs concernés ». Alors que l'intérim est considéré comme un indicateur avancé du marché du travail, c'est un signe supplémentaire, après la progression du chômage en janvier et février, que l'attentisme prédomine encore largement chez les employeurs.