L'artiste est en tournée avec son seule en scène "In Vigneaux veritas", dans lequel elle prévient son public qu'elle va "dire toute la vérité", naviguant entre "le premier et le second degré".

"C'est mon spectacle le plus personnel et le plus intime, puisque j'ai révélé des secrets absolus que je n'avais dits avant", affirme l'humoriste, avocate pendant huit ans avant de quitter la robe pour le stand-up en 2009, dans un entretien à l'AFP.

Sur scène, en tenue décontractée - baskets, pantalon, veste blancs -, Caroline Vigneaux se réjouit d'être "à la moitié de sa vie", "pile entre les jeunes et les vieux", au "sommet" d'où elle "admire la vue avant d'entamer la descente" vers la vieillesse.

Celle qui avait été maîtresse de cérémonie des Molières 2024 raconte le fou-rire qu'elle a eu lors de l'enterrement de son père, revisite en version crue les contes "teubé" de son enfance, prône la légalisation de la drogue en Ehpad ou dénonce la consommation précoce du porno chez les jeunes.

Les révélations sont pour la fin: elle confie avoir été agressée sexuellement dans un ascenseur puis, une autre fois, dans la rue et, plus tard, violée à son domicile par un ami pendant son sommeil. "J'ai choisi l'option +Reine des neiges. Frozen+", lance-t-elle pour montrer sa sidération.

- "changement de mentalité" -

L'étudiante en droit puis avocate n'a "jamais porté plainte". "J'avais honte. Je me sentais responsable", confesse-t-elle, ajoutant avoir mis "une chape de plomb" sur ce qui lui était arrivé.

Puis il y a la vague MeToo, "une chance". "Je me rends compte que ce n'est pas moi le problème" et que "le viol est un problème sociétal beaucoup plus large, planétaire", raconte Caroline Vigneaux. 

Au début, elle "n'ose pas" parler, "parce que je ne veux pas avoir l'étiquette de femme violée ou qu'on dise que je fais ça pour vendre des places, alors que ce n'est pas vrai". 

"Mais ma lâcheté devient inconfortable". Germe alors "l'idée de le dire dans mon spectacle, avec mes mots, comme j'en ai envie. Surtout, je me dis qu'il faut que ce soit drôle", confie-t-elle encore. Le message qu'elle souhaite lancer aux agresseurs ? "Vous ne nous mettrez pas complètement chaos, on va continuer à vivre, on va continuer à rire".

Selon elle, "grâce à l'humour, on brise les tabous les uns après les autres". "Les artistes ont un devoir sur le changement de mentalité".

Réalisatrice du téléfilm "Flashback" (2021), Caroline Vigneaux a attrapé "le virus du stand-up" après être montée sur scène en amateure avec une troupe d'avocats. "Je me suis dit: c'est ça que je veux faire", raconte-t-elle, en dépit d'un sketch qui avait fait "un gros bide" au Zénith de Nantes. 

Seize ans plus tard, elle emmène son spectacle - le quatrième - pour la première fois aux Etats-Unis et au Canada, en mai.

Pour la suite, l'humoriste, mère de deux garçons, réfléchit à écrire une pièce pour adolescents, dans laquelle elle ne jouerait pas mais qu'elle pourrait mettre en scène. "Il y a un manque d'offre de pièces pour enfants ados", dit-elle.