Dubaï à ses « malls » ruisselants de luxe, la France est à la tête d'un patrimoine naturel et architectural sans beaucoup d'équivalent. Sa richesse va bien au-delà des « joyaux » connus du monde entier, cathédrales, châteaux de la Loire et autre Mont-Saint-Michel. Si Paris attire comme un aimant, nombre de sites et de villes construisent une politique touristique haut de gamme. Encore faut-il pouvoir accueillir cette nouvelle vague de touristes à fort pouvoir d'achat qui viennent en rangs de plus en serrés d'Asie et d'Amérique latine.
Opérations prestigieuses
C'est là qu'entre en jeu la reconversion en hôtel 4 ou 5 étoiles d'anciens bâtiments publics, palais de justice, hôpitaux et même prisons. Aujour- d'hui désaffectés, leur entretien est un boulet pour des collectivités. En général bien placés - dans les centres-villes -, leur architecture se prête à des transformations radicales financées par des investisseurs (AXA, Carlyle... ) et recherchés par des promoteurs (Eiffage, Cogedim...) en quête d'opérations prestigieuses.. Quant aux grandes chaînes internationales hôtelières, elles aussi sont partantes. Opérateur de l'Hôtel-Dieu de Marseille ouvert il y a un an au-dessus du Vieux-Port, Intercontinental est prêt à rempiler dans celui de Lyon. Spectaculaire, ce projet (dont le financement reste à finaliser) prévoit l'installation d'un 5 étoiles de 147 chambres dans le bâtiment central et son dôme signés Soufflot. Avec pour le reste du site qui s'étire sur 300 mètres le long des rives du Rhône, une galerie marchande, des bureaux, un centre de convention et la cité de la gastronomie de Paul Bocuse...Nantes a, en France, donné le coup d'envoi de cette renaissance avec l'ouverture en 2012 d'un hôtel Radisson Blu dans l'ancien palais de justice. A Strasbourg, après celle des Haras nationaux (lire ci-dessous), la reconversion de l'ancien hôtel de police est au programme. A Avignon, c'est l'ancienne prison située dans les remparts de la cité papale qui est visée, une opération pour l'instant en stand-by. Spécialiste de la question, l'architecte d'intérieur et designer Jean-Philippe Nuel relève que la qualité des projets auxquels il a été associé à permis à une ville comme Nantes, encore peu connue à l'étranger, « d'attirer des touristes japonais et américains désireux de découvrir le patrimoine intérieur du pays ».
De multiples contraintes
A Marseille, la curiosité du public local a été telle « qu'il a fallu à plusieurs reprises fermer l'accès de l'Intercontinental. Il faut dire, ajoute l'architecte, que la terrasse surplombant le Vieux-Port et les escaliers extérieurs du bâtiment sont vite devenus un lieu de promenade donnant à voir la ville différemment ». Au-delà des difficultés liées aux multiples contraintes de ces bâtiments en général classés et donc très étroitement surveillés, leur conversion offre, paradoxalement, aux architectes et décorateurs, une grande liberté à l'opposé des multiples contraintes environnementales et financières qui s'imposent à eux sur des chantiers classiques. « A Nantes, le lobby a été installé dans la colonnade des pas perdus, sous 15 mètres de hauteur sous plafond, ce qui serait impensable aujourd'hui », dit-il.