Le ralentissement se poursuit, mais les chiffres ne plongent pas (encore) dans le rouge. L'emploi salarié du secteur privé a été stable entre fin septembre et fin décembre 2023, après une hausse de 0,1 % le trimestre précédent, a rapporté l'Insee mercredi dans une première estimation. Des résultats en ligne avec ceux de l'activité économique : le PIB a fait du surplace au quatrième trimestre 2023.

Dans le détail, 8.000 postes ont été détruits sur le dernier trimestre de l'an dernier. Au trimestre précédent, l'Insee avait revu ses estimations nettement à la hausse lors de la publication des résultats définitifs, en raison d'une sous-estimation des retards de déclarations d'entreprises.

Le chiffre doit donc être pris avec une grande prudence mais s'il se confirmait à la fin du mois lors de la publication de l'estimation définitive, cela constituerait une rupture dans la progression ininterrompue de l'emploi salarié depuis l'épidémie de Covid et même, si l'on excepte cette période particulière, depuis le début de 2015. Sans pour autant signer un retournement radical de tendance.

Stagnation puis reprise

L'Insee s'attend à une stagnation au premier trimestre de cette année avant une légère reprise avec une hausse de 20.000 postes au deuxième trimestre. L'institut prévoit, il est vrai, un léger rebond de l'activité au premier semestre 2024, après une croissance nulle au second semestre 2023.L'examen de la situation sur un an montre cependant que sur 2023, la dynamique est restée globalement positive, avec une hausse de 0,5 % - soit 113.800 emplois supplémentaires. Et le niveau de l'emploi salarié à la fin de l'an dernier est supérieur de 5,8 % - soit 1,2 million d'emplois en plus - par rapport à son niveau d'avant la crise sanitaire (fin 2019). Le rythme de créations de postes dans le secteur privé en 2023 a toutefois été trois fois inférieur à celui de 2022, puisque 346.600 emplois avaient été créés cette année-là.Variable d'ajustement pour les entreprises face aux difficultés conjoncturelles, l'emploi intérimaire a poursuivi sa baisse, à -1,6 % au quatrième trimestre 2023, après -2,1 % le trimestre précédent. Sur un an, le recul atteint 7 % entre fin 2022 et fin 2023, soit une disparation de 56.700 emplois. L'emploi intérimaire est aussi inférieur à son niveau d'avant la crise sanitaire (-2,5 %, soit -19.700 emplois).

Hors intérim, les recrutements dans la construction sont aussi à la peine : si l'emploi salarié privé s'est stabilisé au quatrième trimestre 2023, à -0,1 % (-1.600 emplois), contre -0,3 % (-5.500 emplois) au trimestre précédent, il reste au-dessous de son niveau du quatrième trimestre 2022 (-0,7 %, soit -11.700 emplois).

Dans ce contexte morose, l'industrie tire son épingle du jeu. L'emploi salarié y poursuit sa progression, +0,3 % au quatrième trimestre, après +0,4 % au troisième. Il dépasse désormais de 2,6 % son niveau d'avant la crise sanitaire, soit 82.900 emplois nets créés depuis fin 2019.

Le secteur tertiaire non marchand continue aussi de recruter, malgré un ralentissement. L'emploi salarié y a augmenté légèrement au quatrième trimestre (+0,2 %), avec 5.000 créations nettes d'emplois, contre +0,4 % trois mois plus tôt.