"Si Houris est inspiré de faits tragiques survenus en Algérie durant la guerre civile des années 1990, son intrigue, ses personnages et son héroïne sont purement fictionnels", affirme Antoine Gallimard dans un communiqué.
"Depuis la publication de son roman, Kamel Daoud fait l'objet de violentes campagnes diffamatoires orchestrées par certains médias proches d'un régime dont nul n'ignore la nature", poursuit le dirigeant de la maison d'édition qui s'est vu interdire de présenter ses ouvrages lors du salon international du livre d'Alger, qui s'est terminé samedi.
L'interdiction de participer à ce salon a été notifiée aux éditions Gallimard début octobre, quand "Houris", le roman de M. Daoud sur les violences de la "décennie noire" (entre 1992 et 2002), était déjà vu comme l'un des grands favoris du Goncourt.
Il a remporté le prix, le plus important de la littérature française, le 4 novembre.
Le livre n'a pas pu être édité en Algérie, où il tombe sous le coup d'une loi interdisant tout ouvrage sur cette période sanglante qui a fait au moins 200.000 morts, selon des chiffres officiels.
"Après l'interdiction du livre et de notre maison d'édition au salon du livre d'Alger, c'est au tour de son épouse (psychiatre de profession, ndlr), qui n'a aucunement sourcé l'écriture de Houris, d'être atteinte dans son intégrité professionnelle", poursuit Gallimard.
Selon les médias algériens, Saâda Arbane, survivante d'un massacre lors de la décennie noire, qui a été suivie médicalement par la femme de Kamel Daoud, dit s'être reconnue dans le personnage principal d'"Houris".
"Houris", qui désigne dans la foi musulmane les jeunes filles promises au paradis, est un roman sombre se déroulant en partie à Oran sur le destin d'Aube, jeune femme muette depuis qu'un islamiste lui a tranché la gorge le 31 décembre 1999.