Figure de la révolution sandiniste des années 1970 qui a porté Daniel Ortega au pouvoir, il fait partie des centaines de politiciens, intellectuels, activistes et religieux qui ont été expulsés de ce pays ou qui l'ont fui.
Beaucoup ont été déchus de leur nationalité nicaraguayenne, comme M. Ramirez, devenu un farouche opposant au président Ortega.
En 2021, en pleine vague d'arrestations de dissidents, le gouvernement nicaraguayen a ordonné son arrestation pour blanchiment présumé. Sergio Ramirez a alors quitté son pays et vit désormais en Espagne.
Le Nicaragua semble être "un pays silencieux, soumis, bâillonné, mais ce n'est pas le cas. Au fond, il y a un esprit libertaire, un esprit de rébellion contre toute dictature, qui est là, latent. À un moment donné, il y aura un changement", a affirmé le romancier de 82 ans, lauréat du prix Cervantes 2017, le plus important dans le monde littéraire espagnol, rencontré mardi par l'AFP à l'occasion du festival littéraire Centroamérica Cuenta au Guatemala.
-"Accident de l'histoire"-
"J'ai une confiance absolue dans le fait que le peuple du Nicaragua va surmonter ce nouvel accident de son histoire", a-t-il ajouté.
Daniel Ortega, un ancien guérillero de 79 ans qui a dirigé le pays dans les années 1980 après le triomphe de la révolution sandiniste, est revenu au pouvoir en 2007.
Il a été réélu en novembre 2021 pour un quatrième mandat consécutif, à l'issue d'un scrutin duquel étaient absents ses rivaux, arrêtés ou contraints à l'exil.
Il est accusé par les Etats-Unis, l'Union européenne et plusieurs pays d'Amérique latine d'avoir instauré une autocratie.
Avec son épouse de 73 ans, Rosario Murillo, passée de vice-présidente à "coprésidente" en février à la faveur d'une énième réforme de la Constitution, il a encore renforcé son contrôle sur la société après les manifestations d'avril 2018 appelant à sa démission et écrasées dans le sang, avec plus de 300 morts selon l'ONU.
Sergio Ramirez a fustigé auprès de l'AFP l'"isolationnisme" du pouvoir nicaraguayen.
Critiqué par de nombreuses organisations pour des violations des droits humains, le Nicaragua a en effet dit vouloir quitter l'Unesco après que celle-ci a attribué son Prix mondial de la liberté de la presse au quotidien nicaraguayen La Prensa, dont la rédaction a été contrainte à l'exil.
Le pays a aussi annoncé son retrait de l'Organisation internationale du travail (OIT), de celle pour les migrations (OIM) et du Conseil des droits de l'Homme de l'ONU.
"Ce pays qui est là, ce n'est pas le mien. Ce pays soumis (...) où il y a plus de 400 journalistes exilés, où l'on persécute, on emprisonne, où règne la peur, il serait impossible pour moi d'y vivre", explique M. Ramirez. "Le Nicaragua dans lequel j'aimerais rentrer n'existe pas pour l'instant".
"Je ne sais pas comment le changement va se produire, mais il devra avoir lieu. Je crois que le destin des pays d'Amérique centrale est la démocratie", assure-t-il.