Alors qu'Emmanuel Macron consulte les forces politiques représentées au Parlement, le prochain Premier ministre va prendre ses fonctions dans un climat économique moins dégradé que ce que l'on pouvait craindre.
Le climat des affaires, qui synthétise le moral des chefs d'entreprise des principaux secteurs marchands, a regagné 3 points en août, à 97, après en avoir perdu 5 en juillet, selon les données de l'Insee publiées vendredi. A 97, il se rapproche de sa moyenne de longue période (100). Tous les secteurs d'activité contribuent à ce rebond, détaille l'institut statistique national.
L'industrie rebondit
Le retournement est particulièrement net dans l'industrie (+4 points),
« porté par le rebond des soldes d'opinion relatifs aux perspectives personnelles de production et aux carnets de commandes étrangers », alors que la crainte d'un ralentissement mondial domine. Les services (+3), le commerce de détail (+2) y compris commerce et réparation d'automobiles, et même le bâtiment (+1,) ne sont pas en reste. Dans ce dernier secteur,
« compte tenu de leurs effectifs, les entrepreneurs […]
estiment que leurs carnets de commandes leur assurent huit mois de travail, une durée qui reste stable », précise l'Insee. Ces perspectives vont de pair avec un climat de l'emploi bien orienté : à 98, il a gagné 2 points en août après en avoir perdu 4 le mois précédent et se rapproche de sa moyenne de longue période (100).
« Cette amélioration résulte principalement du rebond du solde d'opinion relatif à l'évolution à venir des effectifs dans les services hors intérim », précise l'Insee.Signe complémentaire, les déclarations d'embauche de plus d'un mois ont progressé de 3 % en juillet après trois mois de baisse, selon l'Urssaf. Même si cette embellie tient surtout aux CDD, vraisemblablement grâce à un effet JO, a souligné sur X Denis Ferrand, directeur général de l'Institut Rexecode, le nombre de CDI se maintient au-delà des 400.000. Les procédures de redressements, liquidations ou sauvegardes continuent de grimper mais moins vite.
« Positif, mais prudence », conclut-il.Pour Sylvain Bersinger, chef économiste du cabinet Asterès, la baisse du prix du pétrole, une inflation plus modérée ou un « effet JO » peuvent expliquer ce rebond. Pour autant, les indicateurs restant à des niveaux faibles,
« il pourrait être de courte durée, car les vents contraires sont nombreux » : incertitude sur la politique économique des prochains mois, marges de manoeuvre budgétaires contraintes, essoufflement de la croissance aux Etats-Unis ou en Chine.La bonne nouvelle vient du côté de l'inflation a priori contenue.
« Dans ce contexte, une poursuite de l'assouplissement des politiques monétaires des banques centrales est probable, ce qui devrait notamment bénéficier au bâtiment », estime Sylvain Bersinger.