Voilà qui ne fait pas les affaires de Gabriel Attal. Le Premier ministre va devoir affronter une économie encore moins dynamique que ce qu'il pensait. L'Insee a annoncé mardi que le PIB de la France avait fait du surplace au quatrième trimestre 2023. Sur l'année complète, la croissance n'a atteint que 0,9 %.

C'est la faiblesse de la demande intérieure qui explique cette mauvaise performance en fin d'année. Face à l'inflation et aux craintes d'une détérioration à venir de l'activité, les ménages ont réduit leur consommation de 0,1 % et leurs investissements immobiliers de 1,4 % sur les trois derniers mois de l'année. Résultat de cette demande atone, les importations ont fortement chuté, ce qui a permis de soutenir le PIB,les exportations ayant moins baissé que les achats à l'étranger.

Dans les faits, si l'on met de côté la variation des stocks des entreprises, seuls les investissements et les dépenses des administrations publiques ont évité à l'Hexagone d'afficher une chute du PIB en fin d'année. C'est un problème carles moteurs de croissance pour 2024 sont à l'arrêt.

Demande intérieure à l'arrêt

En effet, la croissance de l'an passé a en partie été tirée par les investissements des entreprises qui ont grimpé de 2,8 % en 2023. « Par rapport à la période d'avant Covid, c'est-à-dire au quatrième trimestre 2019, le PIB français a crû de 1,7 % et 1,4 point provient des investissements des entreprises », souligne Denis Ferrand, le directeur général de l'institut Rexecode. Cette situation est terminée. La hausse des taux d'intérêt a désormais des effets importants sur la capacité d'emprunt des entreprises, ce qui pèse sur les investissements. Au quatrième trimestre 2023, ces derniers ont reculé de 0,6 % et ils devraient encore baisser en 2024. Voilà donc l'économie tricolore qui entame 2024 sans véritable ressort.

Sauf si les entreprises reconstituent leurs stocks et si l'inflation continue à baisser et les salaires augmentent. Dans ce cas, les ménages retrouveraient du pouvoir d'achat dans le courant de l'année et se remettraient à consommer. Il faudrait aussi qu'ils retrouvent confiance : les Français épargnaient environ 15 % de leur revenu disponible brut avant la pandémie. Ce chiffre est maintenant 3 points plus élevé. C'est le scénario sur lequel table la Banque de France, qui attend une croissance de 0,9 % en 2024.

Vers une croissance faible en 2024

La prévision du gouvernement, qui attend encore officiellement une progression de 1,4 % du PIB, paraît dans tous les cas déconnectée de la réalité. L'acquis de croissance pour 2024, c'est-à-dire la hausse du PIB qui serait affichée sur l'année si la croissance était nulle à chaque trimestre, n'est que de 0,1 %. Pour atteindre l'objectif du gouvernement, il faudrait que la croissance s'élève à 0,4 % par trimestre.

Autant dire que c'est impossible. Même le chiffre de la Banque de Franceparaît élevé. Les économistes de Rexecode tablent eux sur une croissance de 0,4 %, et le consensus est à 0,7 % cette année.

La conséquence, pour le gouvernement, est que le déficit public risque d'être plus important que prévu. Or, avec une dette publique qui représentait 111,9 % du PIB à la fin du troisième trimestre, la France affiche le troisième plus grand taux d'endettement de la zone euro après la Grèce et l'Italie. Les marges de manoeuvre sont inexistantes en cas de nouveau choc.

« Nous tiendrons le même cap : repasser sous les 3 % de déficit public d'ici à 2027, grâce à plus de croissance, plus d'activité et à la maîtrise de nos dépenses ; pas grâce à trop d'impôts », a déclaré Gabriel Attal lors de sa déclaration de politique générale devant les députés ce mardi, ajoutant que « les premières propositions d'économies pour le prochain [budget] seront annoncées dès le mois de mars ». L'opération s'annonce ardue.