Le plan d'économies dans les dépenses publiques passe décidément mal dans la majorité. En particulier le gel des prestations sociales, qui doit rapporter 1,7 milliard d'euros aux caisses de la Sécurité sociale. La non-revalorisation des retraites a déjà suscité une levée de boucliers, obligeant le gouvernement à la limiter aux pensions de plus de 1.200 euros par mois.Une autre mesure en préparation commence elle aussi à faire du bruit parmi les députés socialistes. Le projet de loi de financement rectificatif de la Sécurité sociale, qui sera présenté en Conseil des ministres le 18 juin, prévoit selon nos informations le gel des prestations d'invalidité et des rentes versées aux victimes d'accidents du travail et de maladies professionnelles, quel que soit leur niveau. Cette mesure permettra d'économiser 150 millions l'an prochain et 200 millions à partir de 2016, a calculé Bercy (voir graphique). Mais elle pourrait bien être remise en question, au moins partiellement.C'est en tout cas ce qu'espèrent les élus PS, et pas seulement ceux de l'aile gauche contestataire. Lors de la réunion du groupe socialiste à l'Assemblée la semaine dernière, Catherine Lemorton, présidente de la commission des Affaires sociales, et Gérard Bapt, le rapporteur du projet de loi, ont demandé à l'exécutif de revoir sa copie. « Nous espérons être entendus. Geler des prestations pour des assurés qui sont dans l'incapacité de travailler et qui ont souvent des restes à charge non négligeables pour se soigner, cela me gêne beaucoup », explique Catherine Lemorton. Gérard Bapt demande de son côté que le gel soit réservé aux assurés qui sont soumis à l'impôt, afin de préserver les plus modestes. « Ce serait une façon d'atténuer l'impact de la mesure tout en préservant une partie des économies prévues », explique-t-il.

Les associations vent debout

Les associations de défense des malades sont, quant à elles, vent debout. « Les prestations sont déjà d'un montant très modeste. Les geler mettrait de nombreuses personnes en difficulté, même si cela ne représente que quelques euros en moins par mois », juge Arnaud de Broca, secrétaire général de la FNATH (Fédération des accidentés de la vie). Les pensions d'invalidité sont versées aux personnes qui sont dans l'incapacité de reprendre leur travail après un accident ou une maladie d'origine non professionnelle. Leur montant dépend du salaire de référence et du degré d'invalidité. Il est au maximum de 1.564,50 euros par mois. Les rentes ATMP sont, elles, versées aux personnes dont l'incapacité permanente a été provoquée par un accident du travail ou une maladie professionnelle.