Les paiements digitaux sont devenus la norme dans certains pays comme la Suède ou la Corée du Sud, et la vague est en train d'atteindre, lentement mais sûrement, l'ensemble de la planète. Selon la Banque des règlements internationaux (BRI), le nombre d'opérations réalisées sans cash a continué d'augmenter partout dans le monde en 2022, année sur laquelle porte l'étude publiée mardi. Cette dernière s'appuie sur des statistiques collectées auprès des Etats par le Comité des paiements et des infrastructures de marché (CPMI) de la BRI.

Dans les économies dites « avancées », « le nombre de paiement sans cash est passé en moyenne de 426 à 468 opérations en moyenne par personne et par an », souligne l'article soit une hausse de 10 % entre 2021 et 2022. Cette croissance est d'autant plus forte que l'on part d'un niveau élevé : le nombre d'opérations se situait dans ces pays déjà à 300 par an en moyenne en 2015… un niveau qu'atteignent seulement à présent les pays émergents et en voie de développement.

Ces derniers, avec un peu de retard à rattraper, ont vu le nombre de paiements digitaux - toutes méthodes confondues (par carte, sans contact avec un mobile, par virement instantané…) - croître de 18 % entre 2021 et 2022, pour atteindre 291 opérations par personne et par an.

Cette évolution se fait clairement au détriment du cash, estiment les auteurs de l'étude, ce que laissent penser certains indices. « Les recherches montrent que le cash est particulièrement utilisé pour les achats de faible valeur », souligne l'article. Or, les montants dépensés par carte ou par smartphone ont eux-mêmes tendance à baisser « ce qui pourrait signaler une demande réduite pour le cash en tant que méthode de paiement ».

De même, les technologies de paiement instantané (virement instantané), en plein développement, tendent elles aussi à servir à de petits achats.

Le cash garde ses adeptes

« La demande de retraits de billets et de pièces a diminué globalement, et plus fortement encore dans les économies émergentes », remarquent au passage les auteurs, avec de très fortes différences entre Etats. Le taux de retrait d'argent liquide (rapporté au PIB du pays) varie de 2 % aux Pays-Bas ou 3 % en Suède à 20 % en Afrique du Sud, et même 27 % en Chine. C'est que l'argent liquide en tant que moyen de paiement garde bien sûr ses adeptes. Il s'adresse en moyenne à des populations plus âgées, ainsi qu'à des ménages souhaitant mieux contrôler leur budget, souligne l'étude.Il reste également dans la course car le succès des paiements digitaux est tel qu'il engendre à son tour des difficultés. En particulier dans le domaine des solutions de paiement instantané, si nombreux que des questions de compatibilité peuvent émerger, notamment lorsque l'on paye à l'étranger. « Interconnecter les systèmes de paiements rapides est une priorité pour atteindre les objectifs du G20 », de rendre les paiements plus accessibles et plus transparents, soulignent les auteurs.