Tout le monde veut sa part du gâteau. En parallèle des traditionnels fonds de capital-risque, de plus petites initiatives se développent dans la French Tech pour financer les start-up dites « à impact », c'est-à-dire celles dont les solutions répondent à un ou plusieurs des douze objectifs de développement durable (ODD) de l'ONU.C'est le cas de Good Only Ventures, qui cherche à lever un véhicule de 8 millions d'euros auprès d'un maximum de 150 investisseurs. Deux paliers qui évitent d'être régulé par l'Autorité des marchés financiers et de devenir un fonds. Environ 80 investisseurs ont mis au pot, dont quatre associations, qui participent à la prise de décision d'investissement sur les sujets d'impact. « Les associations ont une connaissance et expertise qui n'est pas forcément mise à disposition du monde du capital-risque. Il a certes fallu les rassurer, car ce n'est pas naturel pour elles, mais c'est un moyen pour elles d'être garantes sur les sujets d'impact », glisse Antoine Martel, le cofondateur, qui a pour l'instant bouclé 3 millions.Le monde des institutionnels, des LP (investisseurs des fonds) très recherchés pour leurs importantes capacités d'investissement, est en revanche exclu de ces véhicules. « Nous sommes encore trop petits », concède Antoine Martel, qui a réalisé une dizaine d'investissements.Rares en effet sont les petits véhicules à réussir à aller les chercher. Certains, en étant plus précurseurs sur la thèse de l'impact en amorçage, ont réussi, comme Seed I (2019), le fonds de Makesense qui a pour investisseur le Fonds européen d'investissement (FEI). Plus récemment, SOS Ventures a aussi attiré une banque, en plus de ses investisseurs privés. Ce véhicule de capital-risque, avec une cible de 8 millions d'euros, vient d'être lancé par Groupe SOS, un géant associatif présent notamment dans le médico-social. « L'adossement à un gros acteur d'intérêt général a apporté de la confiance », commente Axel Paugam, directeur des investissements, qui a réuni environ 2 millions d'euros. Le véhicule co-investit notamment avec Impact Business Angels, un réseau d'investisseurs initié aussi par le groupe.

Renouveler les profils

Ces petits véhicules permettent aussi de renouveler les profils de ceux qui investissent, à rebours des financiers, dans les fonds de capital-risque, qu'il s'agisse de personnes issues de l'univers associatif ou d'entrepreneurs. C'est le cas du Climate Club, né il y a tout juste un an, qui regroupe 135 entrepreneurs de la French Tech investissant dans le climat. Bâti aussi en société de capital-risque non régulée par l'AMF, le véhicule a déjà réalisé 25 participations depuis sa création. « Au début, nous étions un petit groupe, puis une trentaine. Finalement, beaucoup d'entrepreneurs ont choisi de nous rejoindre car ils étaient intéressés par la thématique, mais ne savaient pas comment s'y prendre », confie Jérémy Charoy, le cofondateur.Toutes ces structures injectent des tickets entre 75.000 et 500.000 euros maximum, avec des possibilités de réinvestissement. Les secteurs ciblés sont variés : agritech, économie circulaire, social, mobilité, industrie… Avec des approches soit très tech ou plus ESS (économie sociale et solidaire). « Nous allons attirer des business angels qui sont sincères dans leur démarche d'impact et qui ne cherchent pas forcément un taux de rentabilité interne à 25 %, nous avons une position moins techno-solutionniste », estime Antoine Martel. Tous aspirent néanmoins à grossir, dans un environnement pour le moins chahuté. Depuis la hausse des taux, les nouveaux acteurs peinent à convaincre les investisseurs, qui vont préférer des fonds déjà bien établis.

De son côté, Asterion Ventures a démarré en « club deal », avant de se structurer en société de capital-risque. La structure a évolué, en associant des véhicules d'investissement et 800 business angels, avec 40 millions d'euros levés depuis sa création. Elle aspire à devenir une société de gestion.

50 nuances de « vert »

« Le contexte s'est durci pour les nouveaux acteurs du capital-risque à impact. Il y a beaucoup d'acteurs sur la ligne de départ, mais sans différenciation claire, peu parviendront à se développer », estime Antonin Léonard, associé chez Asterion Ventures.Petit à petit, l'historique des participations et des performances permet de se faire connaître dans l'écosystème, de se créer une réputation et de lever davantage. Un enjeu d'autant plus fort dans l'impact, que le secteur compte 50 nuances de « vert ».