Acrobate, violoniste, écran géant et cadeaux pour 600 clients, partenaires et journalistes : Huawei a sorti le grand jeu, mercredi, pour dévoiler son nouveau smartphone haut de gamme, l'ultrafin et élégant Ascend P7. Après avoir présenté son P6 l'an dernier à Londres, le groupe chinois a choisi Paris pour ce lancement mondial. Il n'a pas lésiné sur les moyens, car il est devenu depuis un an le numéro trois mondial sur le marché du smartphone, avec près de 5 % de part de marché. Huawei se plie donc à l'exercice du show global. Dans ce métier, il faut montrer ses muscles en public pour être acclamé et pour vendre. Un test pour le groupe chinois, qui ne découvre le marché grand public mondial que depuis cinq ans et dont la marque est encore peu connue hors de Chine. Huawei espère écouler 10 millions d'exemplaires du P7 d'ici au début de l'an prochain, selon Reuters, contre 4 millions de P6 écoulés depuis juin. Yves Maître, le grand manitou des achats de terminaux chez Orange, s'est réjoui de la progression des ventes : + 500 % pour le P6 par rapport à son prédécesseur, le P2. Partenaire de Huawei depuis 2009, Orange a commandé les premiers smartphones portant la marque pour les clients français en 2011 et va distribuer le P7 dans tous les pays européens où il est présent.

Vraie stratégie de marque

Pour accompagner cette croissance, le budget marketing de la marque s'élève à 300 millions de dollars en 2014. Huawei met tout en oeuvre pour faire connaître son nom. Le groupe refuse de plus en plus de contrats de marque blanche avec les opérateurs, et sponsorise des clubs de foot européens dont le PSG. Il a aussi cessé de vendre des mobiles traditionnels en Europe pour exhiber des smartphones de luxe, comme le P7. Cette stratégie de marque porte ses fruits en France. Fin 2013, 27 % des sondés avaient déjà entendu parler de Huawei, contre 12 % un an plus tôt, explique Denis Morel, responsable des terminaux chez Huawei France. Au tournant de l'année, Carrefour, Darty, la FNAC ont accepté de distribuer la gamme Ascend, qui était auparavant essentiellement écoulée via Internet. Orange et Bouygues Telecom (via B&You) vont commercialiser le P7 dès juin, à 449 euros nu. Un prix élevé, mais inférieur à celui des modèles vedettes d'Apple et de Samsung, qui dépassent 600 euros pour des fonctionnalités comparables. Il lui reste néanmoins du chemin à parcourir avant de devenir aussi connu dans les mobiles que dans les équipements de réseau, un domaine où Huawei est leader dans l'Hexagone. Sa part de marché dans les ventes de smartphones en volume n'y est que de 2,5 %, loin derrière Samsung, Wiko, Apple, Nokia... et juste derrière LG et Sony. « Nous voulons doubler notre part de marché en France et dépasser 5 % cette année », affirme Denis Morel. L'objectif n'est pas irréaliste, dans la mesure où les ventes mondiales de Huawei ont crû de 60 % l'an dernier, à 52 millions d'unités, avec une prévision de 80 millions en 2014.