Il est des anniversaires difficiles à célébrer. Cela fait deux ans, jour pour jour, que François Hollande a remporté l'élection présidentielle et cela paraît une éternité. Jamais un président n'a atteint, en si peu de temps, un tel niveau de défiance dans l'opinion. A peine 20 % des Français disent lui faire confiance pour « affronter efficacement les principaux problèmes », selon le dernier baromètre CSA pour « Les Echos » et Radio Classique. En un mois, il a encore reculé de 5 points. Pulvérisant de 3 points, chez cet institut, le record d'impopularité - qu'il détenait déjà - d'un président en exercice. Jacques Chirac était tombé à 26 % en mai 2006, à la fin de son deuxième mandat. Nicolas Sarkozy, à 30 % en mars 2011.

« Dur de remonter la pente »

Pour François Hollande, qui avait entamé son quinquennat avec 58 % de bonnes opinions, le coup est rude. Ni le pacte de responsabilité ni le changement de gouvernement, une séquence dont il est pourtant « très satisfait » (dixit un membre du gouvernement), n'ont enrayé sa chute dans les sondages. Pour l'heure, Manuel Valls ne tire pas le chef de l'Etat vers le haut. Le Premier ministre recule lui aussi de 2 points, à 39 % (et de 10points chez les sympathisants socialistes). Désormais, 52 % des Français ne font pas confiance au chef du gouvernement et 75 % au président. Comme si quelque chose s'était cassé dans le lien de François Hollande avec l'opinion, déboussolée par sa manière de faire, douchée par ses promesses non tenues de « changement pour maintenant », d'inversion de la courbe du chômage et de « reprise » économique qui serait « là ». « Les Français n'en peuvent plus de ces déclarations qui annoncent sans cesse des jours meilleurs sans apporter la moindre preuve d'une amélioration », note Yves-Marie Cann, le directeur en charge de l'opinion de CSA, qui juge la situation du président « extrêmement préoccupante » : « La défiance, analyse-t-il, confine au rejet. » Dans son socle électoral, le président passe pour la première fois sous la barre des 50 % d'opinions favorables. Ils ne sont plus que 48 %, parmi ses électeurs du premier tour de la présidentielle, à lui faire confiance. Soit 11 points de moins en un mois. Chez ceux du second, sa cote tombe à 38 %. Il dévisse de 29 points chez les sympathisants écologistes (à 13 %) et de 23 chez ceux du Front de gauche (à 14 %). François Hollande ne résiste que chez ceux du PS, à 54 % (- 4 points) mais il y culminait à 91 % en mai 2012. Le pacte de responsabilité et son corollaire, le plan d'économies, ont laissé des traces. Le chef de l'Etat perd 10 points en un mois chez les salariés du secteur public (à 16 %) comme chez les retraités (à 20 %). Même chez les cadres et professions libérales, il recule de 22 points, à 25 %.L'absence de résultats pèse évidemment très lourd. Selon un autre sondage CSA publié hier dans « Nice-Matin », 86 % des Français jugent son bilan négatif, dont 52 % très négatif. Plus des trois quarts des Français estiment qu'il n'est pas « à la hauteur des événements », n'est pas « capable de réformer » le pays, ne sait pas « où il va » et ne tient pas « ses promesses ». Mais une baisse du chômage lui suffirait-elle pour renouer avec l'opinion ? Jusqu'au sommet de l'Etat, l'inquiétude et même le doute gagnent du terrain, tant son image personnelle apparaît écornée. « Le président n'est pas cuit mais il n'est pas bien. Il a décroché et il est très très dur, excessivement dur, de remonter la pente », glisse un membre du gouvernement. « Il lui sera très difficile de regagner d'ici à la fin du quinquennat les points perdus depuis deux ans », confirme Yves-Marie Cann.François Hollande, lui, entend se battre. Avant de s'entretenir avec des jeunes à Villiers-le-Bel, il est ce matin sur RMC et BFM-TV. Conférences de presse exceptées, c'est sa première grande interview depuis huit mois.