Pour convaincre des fonds de vous financer, avoir un projet de rachat sérieux peut s'avérer utile. ZestMeUp peut en témoigner. Spécialisée dans la mesure et le pilotage de l'engagement des salariés, cette start-up annonce avoir réuni 6 millions d'euros auprès des fonds Reflexion Capital et Go Capital suivis par les business angels historiques présents à ses côtés depuis 2017. « Au moment de notre road show, on s'est rendu compte que plusieurs sociétés de notre secteur étaient à vendre dont un de nos concurrents. Racheter Bloomin nous a permis de sécuriser le deal et de lever plus d'argent que l'on imaginait au début », résume Christophe Bergeon, fondateur et PDG de ZestMeUp.Avec plus de 300 grands clients, principalement des grands groupes et des ETI, celle-ci fait partie des quelques pépites rentables ayant les moyens d'enchaîner les acquisitions dans la « HR Tech », un domaine en pleine consolidation.Revendiquant une position de leader français sur le créneau de l'engagement collaborateur, la start-up de 50 salariés compte accélérer dans l'Hexagone mais aussi en Allemagne et au Benelux.La croissance externe est l'une des voies pour réaliser son objectif : doubler la clientèle d'ici trois ans. Elle ne cache pas vouloir boucler au moins une autre opération de rachat avant décembre prochain.

Des fondateurs qui s'épuisent

Il faut dire que le nombre d'affaires à céder s'est nettement accru. Qualité de vie au travail, écoute des salariés, mobilité interne et plus récemment santé mentale… par vagues successives, les logiciels dédiés aux sujets RH ont, en quelques années, envahi le marché. On compte actuellement plus de 1.000 sociétés innovantes dans ce domaine.Beaucoup trop pour les budgets contraints des directions RH. Maintenant, le retour de bâton est violent. Selon Jeremy Lamri, cofondateur de l'association professionnelle Le Lab-RH et PDG de Tomorrow Theory, « encore très peu de structures atteignent les deux millions de revenu annuel, le seuil pour être viable et pris au sérieux. Après quatre ou cinq ans de galère, de nombreux fondateurs s'épuisent et cherchent un repreneur ». Pour ces entreprises en manque de résultats commerciaux, l'euphorie est retombée. Elles ne trouvent plus grâce auprès des investisseurs qui ont fermé le robinet des levées de fonds. Qui sont les acquéreurs potentiels ? Dans cette course au rachat, les grands éditeurs historiques, européens (Cegid Talentsoft) ou d'origine américaine (Workday), ne sont pas forcément les mieux placés. Avalée par un groupe, la petite start-up a plus de chance de finir en service annexe que de se retrouver au coeur du business. « Chez Zest, l'avenir passe par l'intégration réussie de Bloomin. On a fait une place à leurs fondateurs et gardé l'ensemble des équipes », fait valoir Christophe Bergeon. Ainsi, à l'instar de ZestMeUp, plusieurs plateformes de nouvelle génération, leader sur leur créneau respectif, se détachent pour être les grands consolidateurs de demain à l'échelle de l'Europe. Après avoir signé une série A de 20 millions d'euros en mars 2022, NeoBrain, spécialisée dans l'optimisation des compétences en interne, a réalisé très vite deux rachats de concurrents : WiserSkills et l'américain Flashbrand.En forte croissance, la scale-up française fondée sur l'IA est, selon son cofondateur et PDG Paul Courtaud, proche de l'équilibre. Revendiquant plus de 120 entreprises clientes et un million d'utilisateurs par mois dans le monde, elle se sent suffisamment solide pour avaler au moins deux nouvelles cibles en 2024, pas forcément dans sa verticale d'ailleurs. « Notre point de départ, c'est la gestion des talents dans les grandes entreprises. Mais notre vocation est de nous étendre à des services connexes afin de proposer une offre plus complète autour des RH », précise le PDG de NeoBrain, nouveau membre du prestigieux classement « Forbes - 30 Under 30 ». Une stratégie en phase avec les DRH sursollicités qui n'ont pas envie de jongler avec trop d'outils incompatibles entre eux.