La crise qui s'est abattue sur la tech depuis dix-huit mois se ressent de toutes parts. Même sur le niveau de rémunération des patrons. D'après une étude du collectif The Galion Project réalisée auprès de ses membres, le salaire médian d'un fondateur qui a la fonction de PDG s'élève à 120.000 euros brut, soit le même montant qu'en 2021. Ceux qui se situent dans le 25e centile gagnent 85.000 euros brut et ceux dans le 75e, 150.000 euros brut. Notons que les membres du Galion sont des start-up qui ont levé au moins 3 millions d'euros auprès de fonds de capital-risque, et ne représentent donc pas la majorité de l'écosystème français. Les fondateurs qui exercent une autre fonction (directeur technique, directeur produit…) sont payés 12 % de moins que les PDG. Cet écart était de 20 % en 2021. « Voir une augmentation des salaires des c-level [les membres du comité de direction, NDLR] est très positif, cela montre la maturité des profils qui rejoignent les start-up et scale-up », se réjouit Agathe Wautier, cofondatrice de The Galion Project.

Des bonus et des BSPCE

Comme l'a révélé une récente étude de Figures pour « Les Echos », les salaires des membres des comités de direction ont majoritairement augmenté en 2023. A titre de comparaison, un directeur commercial dans une start-up française en « early stage » gagne 120.000 euros par mois, et un directeur financier, 125.000 euros. Un fondateur ne touche pas uniquement un salaire, qui est d'ailleurs fixé par son conseil d'administration. Parmi les répondants, 38 % indiquent compléter ce fixe par un bonus de performance, contre près de la moitié en 2021. Le revenu médian total (salaire + variable) s'élève ainsi à 130.000 euros (95.000 pour le 25e centile et 190.000 euros pour le 75e centile).

« Ceux qui ont pu maintenir ce variable sont légèrement mieux lotis », soulignent les auteurs de l'étude. Autre élément à prendre en compte : les actions et les BPSCE, sorte de stock-options très répandus dans la tech, sont pratiqués par 37 % des répondants. Les salaires des fondateurs varient en fonction des montants levés. Pour une jeune pousse qui a collecté moins de 5 millions d'euros, le salaire médian brut est de 84.000 euros, 120.000 euros entre 5 et 19 millions levés et 250.000 euros pour plus de 100 millions collectés. L'étude montre que depuis deux ans, les salaires restent stables pour les levées de moins de 50 millions d'euros et que pour celles qui sont supérieures, ils sont quasiment tous en hausse. « Cela démontre que dans une conjoncture plus difficile, ce sont les plus fragiles qui perdent le plus en pouvoir de négociation », observe les auteurs de l'étude. « Notre étude sert de référence au marché et permet aux fondateurs de négocier avec les VC [fonds de capital-risque, NDLR] qui ne sont pas très généreux », ajoute Agathe Wautier.

L'écart entre hommes et femmes augmente

Les patrons des plus petites start-up ont été le plus touchés par la crise de la tech. Pour les jeunes pousses de moins de 20 salariés, on note une baisse de la médiane de 5 % en deux ans, tandis que pour celles de plus de 100 salariés, la médiane enregistre une augmentation de près de 15 %. Les différences sont aussi visibles entre les start-up rentables et non rentables. Le salaire médian des fondateurs du premier groupe est de 150.000 euros, contre 100.000 euros pour le second groupe.Il y a une chose que la crise n'a pas changée : l'égalité salariale entre fondateur et fondatrice. En 2023, il s'élevait à 41 % contre 33 % en 2021. L'année passée, le salaire médian d'une fondatrice est de 85.000 euros.

Cet écart n'est pas étonnant puisque les femmes lèvent moins de fonds que les hommes, en raison notamment des biais conscients et conscients des investisseurs. Parmi les répondantes, la moitié a levé moins de 5 millions d'euros. Donc, si on regarde uniquement les start-up qui ont levé moins de 5 millions d'euros, l'écart salarial est de 20 %, avec une médiane à 75.000 pour les femmes, et 90.000 euros pour les hommes. Encore des biais conscients et inconscients ?