La parité n'est pas le fort de la French Tech. Pour féminiser les effectifs des start-up françaises, la mission French Tech a donc lancé en 2022 une charte qui regroupe cinq engagements dont un quota minimum de 20 % de femmes au sein des conseils d'administration d'ici à 2025 et la formation de 100 % des managers sur les enjeux de la diversité et de la lutte contre les discriminations et le harcèlement. Lors du lancement, 69 membres du FT120, indice phare de l'écosystème, ont signé le pacte, dont 15 licornes.Deux ans plus tard, la mission French Tech annonce avoir atteint les 700 signataires dont les deux tiers des licornes. « Les entreprises sont toujours mobilisées sur ces sujets et veulent avancer », se félicite Clara Chappaz, directrice générale de la French Tech.Pour suivre les progrès, cette administration de l'Etat organise régulièrement des ateliers thématiques et vient de mener une étude auprès des signataires. Parmi les répondants, les start-up ont en moyenne 45 % de femmes dans leurs équipes et 43 % de femmes managers. Pour parvenir à ces résultats, certaines ont revu leurs fiches de postes et leurs processus de recrutement pour les rendre plus inclusifs.

Plus de prise de parole

« Nous utilisons un outil qui décode les différents mots qu'on utilise dans les fiches de poste car cela peut créer des biais à l'entrée. On se prive par exemple des mots 'challenge', 'ambition', 'leadership' ou encore 'assertivité'… » illustre Sarah Ben Allel, DRH de Qonto, qui précise aussi travailler avec A Female Agency, spécialisée dans le recrutement de talents féminins dans la tech. Dans le comité de direction de la licorne tricolore, il y a actuellement 38 % de femmes.Deux tiers des signataires du pacte parité ont formé leurs managers sur les enjeux de diversité et de la lutte contre les discriminations et le harcèlement, et la moitié d'entre eux ont désormais des équipes de représentants paritaires. « Quand plus de femmes prennent la parole, le nombre de candidatures féminines augmente », souligne Clara Chappaz. Chez Qonto, un groupe baptisé « Women in Qonto » a été créé pour libérer la parole des femmes et construire des « role models ».L'objectif de 25 % de femmes dans les conseils d'administration (CA) a déjà été atteint par les répondants (il est même à 28 %). Un tiers des start-up signataires ont plus de 40 % de femmes dans leur board. En revanche, 16 % n'ont aucune femme au sein de leur CA. Cela s'explique par la présence quasi systématique des investisseurs, qui sont majoritairement des hommes, dans les boards.

Nommer des administratrices

« Il faut faire venir des administrateurs indépendants », insiste Clara Chappaz. Selon une récente étude d'Erevena, une agence spécialisée dans le recrutement de cadres supérieurs et dirigeants non exécutifs dans la tech, 86 % des start-up françaises financées par des fonds de capital-risque (VC) ont un conseil d'administration uniquement composé des fondateurs et des investisseurs. « Nous n'avons pas encore invité les VC à nos ateliers car on veut que les PDG se sentent libres. Mais on va devoir les embarquer dans la dynamique », souligne Clara Chappaz.Les signataires du pacte parité, qui sont très volontaristes, ne sont pas les seuls à prendre en main ce sujet. Les futurs membres de la promotion 2024 du Next40 et du FT120 devront publier leur index d'égalité professionnelle (écart de rémunération entre les femmes et les hommes, écart de taux d'augmentations individuelles…). « En tant que citoyenne bien sûr, mais aussi en tant que femme qui a cru très tôt dans le numérique et la tech, je suis déterminée à poursuivre le remarquable travail mis en oeuvre par la mission French Tech en travaillant main dans la main avec la société civile et notre tissu associatif - je pense notamment à Sista et Willa », indique Marina Ferrari, récemment nommée secrétaire d'Etat au Numérique. « C'est un sujet qui ne s'arrête jamais. Si on baisse un peu notre vigilance, ça peut déraper », souligne Sarah Ben Allel, qui a été promue DRH il y a tout juste quelques jours.