« Ouvrir la porte des entreprises aux chômeurs de longue durée » : François Hollande a repris lundi l'idée émise vendredi dans un rapport du PDG de GDF Suez, Gérard Mestrallet. Ces chômeurs devraient pouvoir « bénéficier du statut d'apprenti [réservé aux 16-25 ans] quel que soit leur âge » et avec une rémunération « maintenue au niveau de l'indemnisation telle qu'elle est prévue », a indiqué le chef de l'Etat, dans un raccourci un peu rapide ; le dispositif ne s'apparentera en fait pas à de l'apprentissage classique, avec alternance pendant un à trois ans de travail en entreprise et de cours dans des CFA, mais plutôt à de la formation directe en entreprise.
Un « potentiel inexploité »
Alors que le chômage des jeunes, érigé jusqu'ici en priorité absolue, reflue depuis un an, l'exécutif, accusé par l'opposition d'« immobilisme » sur l'emploi, cherche désormais des réponses concrètes à l'explosion du chômage de longue durée (+ 10,6 % en un an). Fin mars, 2,1 millions de personnes étaient inscrites à Pôle emploi depuis plus d'un an, un record. Sans formation pour se relancer, elles s'éloignent chaque jour de l'emploi. Pour aller plus loin que le plan de formation de 100.000 chômeurs en cours, l'Elysée veut « mobiliser tous les moyens de formation » en profitant du « potentiel inexploité » dans les entreprises, y explique-t-on.Le dispositif est à affiner, mais la loi du 5 mars sur la formation a préparé le terrain à l'essor des « mises en situation professionnelle » des chômeurs. Comme proposé par le rapport Mestrallet, les entreprises pourraient, au sein de leurs sessions internes de formation, accueillir des chômeurs. Ceux-ci toucheraient toujours leurs allocations chômage, voire seraient pris en charge par les régions. Des incitations fiscales seraient instaurées pour l'entreprise, par exemple en déduisant de ses dépenses obligatoires de formation les frais d'accueil du chômeur. « Il faut caler cela, mais tout le monde serait gagnant », indique le ministère du Travail. Des chômeurs seraient formés au plus près du terrain sans surcoût pour l'Etat, les entreprises optimiseraient le coût de leurs formations internes, repéreraient d'éventuelles recrues et affirmeraient leur responsabilité sociétale.Le dispositif à bâtir sera discuté lundi prochain avec les partenaires sociaux. « C'est potentiellement une bonne idée. Des chômeurs ont besoin qu'on leur remette le pied à l'étrier, mais il ne faut pas que le dispositif soit détourné pour leur faire occuper de vrais postes », indique Véronique Descacq (CFDT). « L'idée est de les former. Ce ne sera pas du travail forcé », assure l'Elysée. FO est plus sceptique : « Pourquoi créer une nouvelle usine à gaz alors que des choses existent déjà », réagit Jean-Claude Mailly, faisant référence à la préparation opérationnelle à l'emploi (POE) et aux contrats de professionnalisation (ouverts aux chômeurs de tous âges). La CGT remarque, elle, qu'« on pourrait commencer par donner plus de moyens à Pôle emploi pour former plus lui-même. » Mais le coût serait plus élevé, un point clef dans le contexte actuel.