Le financement des start-up européennes pourrait battre un record cette année, mais ce ne sera pas suffisant pour réduire l'écart qui se creuse avec les Etats-Unis. C'est le double constat dressé par la société Informilo à partir des données collectées par Dow Jones Venture Source au premier trimestre. Selon celles-ci, les start-up européennes ont levé 1,22 milliard de dollars lors des trois premiers mois de l'année, soit une hausse de 27 % par rapport à la même période l'an dernier et un record absolu en la matière. Le premier trimestre étant en général le plus faible en matière d'investissement, l'étude estime que l'Europe pourrait ainsi dépasser les 5 milliards de dollars récoltés sur l'ensemble de l'année. Ce serait la sixième année consécutive de hausse pour le capital-risque européen. Ces chiffres ne prennent pas en compte les introductions en Bourse, qui sont, elles aussi, reparties à la hausse en ce début d'année.

Et pourtant, à la traîne

Si le nombre d'opérations est clairement à la hausse (261 au premier trimestre, contre 222 l'an dernier sur la même période), le montant moyen levé par transaction progresse également, passant de 4,33 à 4,69 millions de dollars. Le poids de certaines fait néanmoins exception, comme la levée de fonds de l'éditeur britannique de solutions d'e-commerce eCommera (41 millions de dollars) ou la plate-forme audio allemande Soundcloud (60 millions de dollars). Des opérations qui ont fait intervenir des fonds d'investissement américains et qui restent dominées par le marché britannique (lire ci-dessous).En les regardant de plus près, ces chiffres sont toutefois à nuancer. L'Europe reste en effet loin derrière les Etats-Unis en matière de financement des start-up. Sur le premier trimestre 2014, les sociétés technologiques américaines ont levé un total de 6,4 milliards de dollars, soit… 2 milliards de plus que l'ensemble des fonds levés en Europe en 2013. Et quand le Vieux Continent pourrait dépasser les 5 milliards de dollars annuels, les Etats-Unis pourraient, selon les projections, atteindre les 30 milliards sur l'ensemble de l'année. C'est toute la chaîne du financement qui bénéficie de cette situation outre-Atlantique. Sur la période allant de 2010 à 2014, la moyenne des fonds levés est 35 % plus élevée aux Etats-Unis qu'en Europe en amorçage (au tout début d'un projet d'entreprise), plus de 40 % plus haute lors d'un premier tour de table et 22 % plus importante lors d'une levée de fonds en capital-développement (pour les entreprises déjà établies).Plus inquiétant encore pour l'Europe : l'écart tend à se creuser avec le financement américain, fragilisant davantage les start-up du Vieux Continent, souvent confrontées à des concurrents qui peuvent se permettre de sacrifier leur rentabilité le temps de gagner des parts de marché. Si les prévisions se confirment, le marché européen du financement aura été multiplié par 1,8 entre 2009 et 2014 quand le marché américain aura été multiplié par 2,3.