Il a fait ses propositions sur l'école le 10 avril ; il dévoile ses idées sur l'Europe aujourd'hui dans « Le Point » ; il s'exprimera sur la compétitivité avant l'été avant de donner ses vues sur les finances publiques à la rentrée : François Fillon continue d'égrainer son projet pour 2017 comme si de rien n'était. Ignorant autant que faire se peut l'agitation politique du moment et… les mauvais sondages. Celui de l'Ifop pour « Ouest-France » de vendredi dernier, par exemple, qui ne le crédite que de 22 % des voix au premier tour de la présidentielle, 7 points derrière Marine Le Pen, quand Nicolas Sarkozy ou Alain Juppé se voient, eux, accorder 31 % et 30 % des suffrages. Ou celui de CSA pour Atlantico.fr de la veille, qui le voit choisi par 6 % seulement des sympathisants de l'UMP pour porter les couleurs du parti lors de ce scrutin, loin derrière l'ancien président (65 %) et le maire de Bordeaux (17 %). L'ex-Premier ministre est convaincu qu'en travaillant le fond, il retrouvera sa popularité perdue auprès des Français et que c'est ce qu'ils attendent de lui in fine. « Il y aura des favoris qui brilleront à un moment donné. Et puis après il y a en aura d'autres », se rassure-t-il dans « Le Parisien ». Alors que s'engage la campagne en vue des élections européennes, il dit vouloir « ramener sérénité et réalisme » sur les questions touchant aux Vingt-Huit, se positionnant en homme d'Etat responsable qui se refuse à toute surenchère populiste. Une manière peut-être de faire oublier ses propos très ambigus de l'automne dernier sur le vote en faveur du Front national, qui lui ont coûté cher dans l'opinion. François Fillon est en tout cas décidé à tracer sa route. Un peu seul, même s'il s'est appliqué à jouer collectif en multipliant les déplacements de soutien lors de la campagne des élections municipales. Mais, semble-t-il, serein : le député de Paris est persuadé que l'insolente cote de popularité d'Alain Juppé s'érodera quand il descendra dans l'arène et que Nicolas Sarkozy ne reviendra pas. « On ne peut être et avoir été », tacle-t-il dans « Le Parisien ». « Le seul objectif c'est de tenir et d'être là au dernier moment », avoue-t-il. Contraint désormais de tabler sur les défaillances de ceux faisant la course en tête pour s'imposer.

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