- "Nous artistes et acteur.ice.s de la culture, nous ne pouvons rester silencieux.se.s tandis qu'un génocide est en cours à Gaza." 

Au matin de l'ouverture du festival mardi, près de 400 personnalités du cinéma, dont le réalisateur espagnol Pedro Almodovar, les acteurs américains Susan Sarandon et Richard Gere, signent cette tribune dans le quotidien français Libération et le magazine spécialisé américain Variety. Le texte rend aussi hommage à Fatima Hassouna, photoreporter gazaouie tuée par un bombardement israélien le 16 avril et protagoniste d'un documentaire projeté dans une section parallèle, l'Acid. La présidente du jury, la Française Juliette Binoche, ou encore les acteurs américains en compétition Joaquin Phoenix et Pedro Pascal le signent par la suite.

- "Contrairement à un film, nous ne pouvons pas nous détendre et nous asseoir. Nous devons agir aujourd'hui, tout de suite, sans violence mais avec passion, avec détermination ! Le temps est venu, tout un chacun qui aime la liberté doit organiser, protester et le moment est venu, aussi, de voter." 

Lors de la cérémonie d'ouverture mardi soir, la star américaine Robert De Niro, venue recevoir une Palme d'or d'honneur, appelle à "défendre la démocratie", notamment face à un président américain Donald Trump "inculte". Autre discours marquant, celui de Juliette Binoche en hommage à Fatima Hassouna. La présidente du jury évoque aussi les "otages du 7 octobre et tous les otages, les prisonniers, les noyés qui endurent la terreur et meurent dans un terrible sentiment d'abandon".

- "Le besoin d'indignation sociale et culturelle et d'activisme n'a jamais été aussi urgent qu'en ce moment, clairement (avec) la présidence barbare aux États-Unis mais aussi la montée des partis d'extrême droite et des gouvernements autoritaires dans le monde entier." 

Distingué par le Carrosse d'or, prix honorifique de la Quinzaine des cinéastes, Todd Haynes, figure de la contre-culture américaine et du cinéma queer, livre aussi un discours politique mercredi. "Le rôle que jouera le cinéma dans cette crise n'est pas encore connu", insiste-t-il.

- "Par respect pour la parole des victimes, sans oublier la présomption d'innocence non plus, et en accord avec le festival et le comédien en question, on a décidé que c'était mieux qu'il ne vienne pas à Cannes pour monter les marches."

Le réalisateur français Dominik Moll explique à l'AFP pourquoi Théo Navarro-Mussy, qui tient un second rôle dans son film en compétition "Dossier 137", ne participe pas à la promotion jeudi. L'acteur de 34 ans a été visé par une plainte de trois anciennes compagnes pour "viols, violences physiques et morales". Interrogé par le magazine français Télérama, qui a révélé l'information, le délégué général Thierry Frémaux justifie cette décision par le fait que "la procédure reste en cours". "Quand la justice passe définitivement, cela devient différent", ajoute-t-il.

- "Elle disait +ma caméra est une arme+, elle disait +je voudrais une mort bruyante, éclatante, je ne veux pas être un chiffre à la dernière page d'un journal+."

A l'occasion de la projection jeudi du documentaire "Put your hand on your soul and walk", qui retrace ses échanges avec Fatima Hassouna, la réalisatrice Sepideh Farsi lui rend un hommage poignant devant une salle très émue. "Elle n'est pas là mais elle est là quand même, ils n'ont pas pu la vaincre", conclut la réalisatrice.

- "Sean (Penn) est venu avec quelques amis des tranchées, de la ligne de front en Ukraine. (...) Je veux vous remercier car vous garantissez notre liberté"

A Cannes pour présenter en Séance spéciale le documentaire "Bono: Stories of Surrender", qui lui est consacré, le chanteur de U2 pose sur les marches du Palais des Festivals avec plusieurs militaires ukrainiens venus avec l'acteur et activiste américain. "Ce festival a commencé avec une chose en tête: c'était en 1939 (...) il a été créé pour combattre le fascisme. Il a fallu attendre 1946 mais il représente aujourd'hui la liberté", ajoute l'Irlandais après la projection du film. Lors de la journée d'ouverture, trois documentaires consacrés au conflit dans le pays ont également été diffusés.

- "Que ceux qui essaient de vous faire peur aillent se faire foutre!"

Né dans une famille chilienne réfugiée aux Etats-Unis, l'acteur Pedro Pascal, qui présente en compétition "Eddington" d'Ari Aster, film satyrique sur les travers de l'Amérique d'aujourd'hui, prend position contre la politique migratoire de Donald Trump en conférence de presse samedi. "Je veux que les gens soient en sécurité et protégés. Je veux aussi vivre du bon côté de l'Histoire. Je suis un immigré, mes parents sont des réfugiés chiliens, je suis aussi réfugié", a-t-il déclaré, avant d'exhorter à "combattre", notamment en "racontant des histoires". "Ne les laissez pas gagner!", a-t-il plaidé.

- "J'espère que les Américains réaliseront qu'ils sont déjà dans un régime autoritaire"

Raoul Peck a présenté samedi un documentaire sur les dernières années de l'auteur de "1984", George Orwell. Pour le réalisateur haïtien résidant à New York, "le journalisme est attaqué. La justice est attaquée. La vérité est attaquée. Tous les éléments qui construisent une société démocratique sont visés" par l'administration Trump. Lui qui, enfant, a fui Haïti et le régime dictatorial de François Duvalier, surnommé "Papa Doc", alerte sur la nécessité de réagir à temps. "Les gens ne veulent pas lever la tête lorsque tout le monde semble la baisser", déplore-t-il.